22 juil 2022

Interview with St. Vincent, the flamboyant musician who releases a 70s-inspired collection with the brand Gant

La musicienne prodige, chanteuse et actrice américaine Annie Clark alias St. Vincent sort en collaboration avec la marque de sportswear Gant une collection capsule inspirée par l’underground new-yorkais électrisant des années 70. L’occasion de discuter de mode et de musique avec l’une des artistes les plus inspirantes de sa génération.

Elle a chanté avec Dua Lipa, collaboré avec Taylor Swift et Paul McCartney, remporté trois Grammy Awards et a souvent été comparée à David Bowie, Prince, Kate Bush et PJ Harvey. Musicienne prodige, chanteuse, scénariste, réalisatrice et actrice, l’Américaine Annie Clark alias St. Vincent a plusieurs cordes – de guitare électrique – à son arc. Active depuis les années 2000, l’artiste âgée de 39 ans a accompagné en live Sufjan Stevens, fait partie de la formation pop psychédélique Polyphonic Spree, réalisé un disque avec David Byrne (leader des Talking Heads) et six autres en solo. Elle y mixe pop indépendante et rock décadent avec un goût prononcé pour les expérimentations et l’atmosphère « cabaret ».

 

Aujourd’hui, celle qui a toujours affiché un look flamboyant (perruque platine, body découpé, chemise en dentelle ultra échancrée, mini-robe futuriste) dévoile un autre de ses talents en collaborant sur une collection capsule avec la marque de sportswear Gant. La musicienne a imaginé un vestiaire pour la scène, qui se portera aussi bien lors d’une soirée survoltée qu’en journée, version « office wear » sophistiqué (mais un brin dévergondé).

 

Blazer rétro rose, chaussettes à rayures, foulard aux imprimés psychédéliques… La collection Gant x St. Vincent nous plonge dans le New York folk, rock et disco des années 70. Une période d’effervescence créative qui correspond parfaitement à la personnalité baroque et passionnante d’Annie Clark, dont le dernier album, Daddy’s Home (2021), nous faisait passer par de multiples états émotionnels. Rencontre avec une artiste qui écrit des morceaux comme elle compose ses looks : avec une classe innée et une bonne dose de folie.

St. Vincent portant la collection Gant x St. Vincent

J’ai lu que vous aviez porté pour la promotion de votre dernier album la collection Gant x Luke Edward Hall et que le directeur de la création de Gant a vu vos photos. C’est ainsi que votre histoire avec la marque a démarré ?

Oui, c’est ça. Et on réfléchissait aussi, en amont, avec ma styliste, Avigail Collins, à une collection de vêtements qui encapsulerait l’esprit et l’esthétique de l’album Daddy’s Home que j’ai sorti en 2021. Puis la collaboration est née, et ça a été très fun à concevoir. Tout était très fluide.

 

Est-ce que vous pourriez porter les pièces de votre collection réalisée avec Gant lors d’un concert ?
Oui, tout à fait. Je pourrais porter le short avec le foulard et la veste sans rien dessous. Si c’est pour un concert, je le ferais sans hésiter. Peut-être avec un soutien-gorge. Il fait chaud en concert, alors j’ouvrirai sûrement le blazer…

 

Comment décririez-vous cette collection de dix pièces allant du foulard aux imprimés psychédéliques au short rose ?
Ce sont des pièces confortables avec un aspect masculin-féminin qu’on peut porter en « mix and match ». Elles sont inspirées par l’énergie du New York des années 70 et du fait qu’à l’époque on avait l’argent pour s’offrir une veste ou un pantalon mais pas pour le costume entier. On arborait donc un pantalon d’une couleur avec une veste qui n’était pas assortie. Il y avait une effronterie et un humour dans le style de cette époque dont je me suis inspirée pour mon dernier album.

St. Vincent portant la collection Gant x St. Vincent

Qu’est-ce qui vous attire dans les années 70 ?
J’aime en particulier la musique de cette époque, celle qui dealait avec les choses sordides, en vrac et pleines d’avidité qui se tramait dans le quartier de Downtown à New York dans les années 70. Ce que je trouve intéressant c’est qu’il s’agissait d’une période de transition. Je trouve que c’est similaire à ce que nous traversons. On peut faire un parallèle entre ces deux moments de l’histoire. Le rêve du « summer of love » des sixties se terminait. Nous n’avions alors plus de fantasmes psychédéliques « peace and love. » Et on essayait de créer un nouveau monde, de savoir à quoi va ressembler le futur. Comme ce que l’on essaie d’inventer aujourd’hui.

 

Votre album est dédié à votre père. C’est lui qui vous a initié à la musique et à la mode des années 70 ?
Oui, beaucoup de la musique que j’aime, c’est mon père qui me l’a faite découvrir. Les années 70 étaient son ère, pas la mienne. Le disque a pour thème la transformation d’un personnage masculin (le « daddy’s side ») portant un pantalon large vers un personnage plus féminin influencé par Gena Rowlands, Candy Darling (actrice américaine transgenre et muse d’Andy Warhol) et la mannequin Lauren Hutton.

 

En 2016, vous avez designé une guitare avec la société Music Man (avec laquelle Jack White, Tom Morello de Rage Against the Machine et J Mascis de Dinosaur Jr. ont joué). Est-ce très différent d’imaginer des vêtements ?
Une partie du processus est le même. Ce que j’aime dans les collaborations, c’est qu’on obtient souvent quelque chose de plus excitant que si on avait travaillé sur le projet seul. J’apprécie le fait d’apporter mon esthétique et mon savoir-faire ainsi que de former une équipe pour créer quelque chose qui va durer, que ce soit une guitare ou des vêtements que l’on pourra garder toute sa vie sans s’en lasser. Avec des matériaux nobles, de qualité et qui ne va pas s’autodétruire entre vos mains. Et justement, la marque Gant est réputée pour ses classiques intemporels.

 

Comme David Bowie, vous créez un look pour chaque album. Quelle importance occupe la mode dans votre univers ?
Ça fait partie du storytelling. Je réfléchis à tous les aspects de la création. J’aime continuer de raconter l’histoire d’un album avec un look et un show spécifique afin de créer tout un monde. Cela m’amuse beaucoup.

 

Avez-vous une icône de mode ?
Il y a beaucoup de gens que je trouve très bien habillés. Mais je dirais qu’en ce moment, j’aime beaucoup Isabelle Huppert pour l’énergie qu’elle dégage, pas seulement pour son allure. J’ai l’impression qu’elle porte tout ce qu’elle a envie de porter avec une grande liberté, un vrai sens de l’esthétique et de l’élégance.

Et elle ne semble pas du tout s’habiller en fonction de ce que la société voudrait qu’elle porte à son âge…
Tout à fait. Mais pourquoi le ferait-elle ?

 

En dehors de la scène et des clips, à quoi ressemble votre look ?
Oh mon Dieu, je suis vraiment très « low profile » en dehors des concerts. J’en fais le minimum et je suis très discrète. Je ne porte même pas de maquillage et j’opte pour des pièces très classiques déjà dans mon placard. Quand je ne performe pas, je ne suis pas le genre de personne qui veut entrer dans une pièce et faire tourner les têtes et attirer tous les regards. Une grande partie de mon travail en tant que songwriteuse consiste à observer les gens pour nourrir mes chansons. Et on ne peut pas regarder les autres si on est constamment regardé.


Retrouvez la collection capsule Gant x St. Vincent sur gant.com et sur ilovestvincent.com.