8 avr 2022

Imprimés colorés et fluidité : Davide Marello, le créateur qui redéfinit l’élégance masculine à travers son label Davi Paris

En attendant notre transformation en avatars dans le métavers, Numéro Homme taille le portrait de visages bien réels : ceux de la fine fleur des jeunes créateurs de la mode masculine. Réunis à Paris devant l’objectif d’Erwan Frotin, ces designers du futur endossent les pièces de leur propre vestiaire et nous révèlent les inspirations, les parcours, les réflexions et les engagements novateurs qui sous-tendent leur succès. Focus sur le designer italien Davide Marello et son label Davi Paris, redéfinissant l’élégance masculine avec des silhouettes toutes en fluidité et des imprimés poétiques et élaborés.

 

Portrait par Erwan Frotin.

Réalisation par Jean Michel Clerc.

Texte par Maud Gabrielson.

Davide Marello n’a rien d’un débutant. Il fut, pendant des années, l’homme de l’ombre des plus grands. “J’ai passé mon enfance dans le Piémont, en Italie. J’ai toujours été intéressé par l’art en général, et la mode en particulier. Ma grand-mère était couturière, je passais beaucoup de temps à ses côtés. Elle m’a transmis sa passion pour le tissu et les couleurs.” Après des études en art, il se forme à l’Istituto Marangoni de Milan, puis, une fois son diplôme en poche, rejoint le studio de création chargé des collections masculines de Giorgio Armani. “Ce fut une très bonne école ! C’était un vrai privilège de pouvoir côtoyer ce grand designer au quotidien, même si ce n’était pas toujours simple de composer avec les personnalités de chacun. Il y a beaucoup d’ego très affirmés dans la mode, non ?” Là, il parfait son expertise du tailoring pendant près de quatre ans, avant de rejoindre la maison Gucci, où il restera pendant neuf ans. “J’étais déjà très fan du Gucci époque Tom Ford ! Quand je suis arrivé, Frida Giannini était chargée du studio de création, puis nous avons connu le renouveau de la griffe quand Alessandro Michele a repris les rênes. Je m’en souviens comme d’une période intense et fantastique. Ce que je préfère est d’apprendre du talent des autres.” En 2015, il s’envole solo pour la première fois quand il est nommé directeur artistique de la maison Boglioli. Cette enseigne transalpine créée en 1974 est spécialisée dans les costumes traditionnels parfaitement coupés, comme seuls les tailleurs du pays savent les faire. “C’est passionnant de s’investir pleinement dans une marque, de redéfinir une vision et de créer une identité.

Mais Davide Marello reste fidèle à son rêve d’enfant, celui de mener à Paris une vie d’artiste, qu’il imagine forcément bohème. “J’avais cette image idéalisée de l’artiste un peu maudit et torturé qui vit sous les toits parisiens.” C’est donc depuis la capitale française qu’il développe Davi Paris, à partir de 2018. Le signe distinctif de ce jeune label ? Des imprimés colorés et teintés de poésie. “C’est difficile, pour une marque émergente, d’avoir une identité forte et immédiatement reconnaissable, mais les imprimés permettent justement cela.” Dans son entreprise, il est épaulé par une équipe de jeunes créatifs : les imprimés, la plupart floraux, sont peints à la main sur une toile, comme un tableau à exposer, avant que le résultat ne soit numérisé et projeté sur les vêtements. Son dressing, romantique, est ponctué d’une douce aura seventies. Costumes ajustés, grands manteaux en laine ceinturés, amples chemises imprimées, pulls façonnés dans des mailles réconfortantes, pantalons larges et parfois associés à de simples tee-shirts aux manches roulottées : il n’y a pas d’esbroufe dans ce dressing conçu pour les hommes sensibles. “J’ai toujours pensé que la mode était une forme de communication. Mes vêtements s’adressent à ceux qui sont touchés par les imprimés et y trouvent une façon de s’exprimer librement. J’aime raconter des choses à travers eux et laisser libre cours à ma fantaisie”, conclut Davide Marello. Une fantaisie qui pourrait bien s’avérer contagieuse.

Davide, photographié par Erwan Frotin, porte un manteau et un pantalon en viscose imprimée, et un débardeur en soie, DAVI PARIS. Montre “Tank Louis Cartier” et bague “Juste un Clou”, CARTIER.