Hommage à Kenzo Takada, créateur sans frontières

Dans les années 1970, les codes de la mode parisienne sont bousculés par une vague de designers japonais qui déferle sur la capitale. Parmi cette nouvelle génération de stylistes, un jeune créateur du nom de Kenzo Takada, qui ouvre en 1970 sa boutique, sous le nom de Jungle Jap, dans la Galerie Vivienne au cœur du IIe arrondissement. Ornée d’un décor de jungle inspirée des peintures du Douanier Rousseau, elle sera le théâtre des premiers défilés de Kenzo Takada, qui popularisera sa mode féminine faite de pantalons à jambes larges de style paysan et de vestes matelassées à imprimés de toutes sortes et couleurs exubérantes, avant de d’installer, six ans plus tard, sa boutique-atelier Place des Victoires et de devenir, en 1980, Kenzo. 

 

Métissée, optimiste, impertinente, la mode de Kenzo Takada puise ses inspirations aussi bien dans ses racines japonaises – particulièrement la technique du kimono, utilisée pour introduire une ampleur déstructurée à ses créations –, que dans des contrées étrangères, avec le chandail slave ou le boubou africain. Mais c’est sa ville d’adoption, Paris, dans laquelle il s’installe en 1964 après des études au Tokyo’s Bunka Fashion College, qui incarne le mieux l’esprit nomade et joueur de Kenzo. Le créateur y débutera ses collections hommes en 1983, son parfum en 1988, et sa ligne de décoration d’intérieur en 1991.

 

Le créateur présentera sa dernière collection en 1999, avant de passer la main à Gilles Rosier pour les collections femme et Roy Krejberg pour l’homme. Suivront Antonio Marras, puis Humberto Leon et Carol Kim, et dernièrement Felipe Oliveira Baptista, qui présentait son deuxième défilé pour la maison quelques jours seulement avant que le fondateur ne s’éteigne à 81 ans des suites du Covid-19, ce dimanche 4 octobre. Kenzo Takada laisse derrière lui un immense héritage qui continue d’inspirer la mode, et en particulier ceux qui perpétuent son esprit unique. “Mon travail a toujours été axé sur la liberté et l’harmonie”, disait le créateur. “J’aimerais que l’on se souvienne de moi comme d’un designer qui a dépassé les frontières.”