Haider Ackermann dévoile sa collection électrique pour FILA à Manchester
Ce jeudi 17 novembre 2022, le créateur de mode franco-colombien Haider Ackermann dévoilait à Manchester sa collaboration inédite et inattendue avec le label de sportswear FILA. Une collection électrique imprégnée par l’énergie de la jeunesse contemporaine, mêlée à des références aux années 80 et 90 ainsi qu’au foisonnement de la culture britannique.
Par Matthieu Jacquet.
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Haider Ackerman pour FILA : une collection sportswear et tailoring
Ces dix dernières années l’ont prouvé : nombre de créateurs de mode se sont mis au pas du sportswear. Si pour certains, ce tournant est survenu comme une évidence, il l’est moins chez d’autres – dont l’esthétique s’est construit bien loin de ce registre vestimentaire et de sa cible. Pour un créateur comme Haider Ackermann, invité à créer une collection capsule pour le label FILA il y a quelques mois, elle sonnait même comme une surprise. Du lancement de sa propre marque en 2001 à ses créations remarquées pour des célébrités telles que Tilda Swinton et Timothée Chalamet, en passant par ses deux ans à la direction artistique de la maison Berluti (2016 à 2018), le designer franco-colombien a affirmé une forme d’élégance à la flamboyance délicate portée notamment par son travail de matériaux fluides et satinés, ou encore son tailoring souple et androgyne. Ainsi, ce jeudi 17 novembre au soir, dans un vaste hangar de la ville de Manchester, les invités du défilé de cette collection – parmi lesquels on trouvait, entre autres, les acteurs Andrew Garfield et Chloë Grace Moretz, mais aussi Emma D’Arcy (House of the Dragon), Manu Ríos (Elite) et Cody Fern (American Horror Story) – pouvaient difficilement imaginer ce que réservait cette collaboration inédite et pour le moins inattendue.
Si les premières silhouettes monochromes se déclinent en blanc puis noir, le ton de ce nouveau vestiaire FILA est rapidement donné par l’apparition d’une première couleur saisissante, le vert pomme d’un large bomber porté sur un ensemble noir très près du corps. Répété par le créateur de mode de 51 ans, “électrique” est indéniablement le mot d’ordre de cette quarantaine d’ensembles, qui puisent leurs couleurs flashy aussi bien dans la mode extravagante des années 80 que la culture rave des années 90. Car ce sont avant tous les contrastes et les motifs graphiques qui captent immédiatement le regard : émergeant du podium blanc, des motifs damier et quadrillages noir sur blanc présents sur des parkas, survêtements et autres shorts rencontrent le bleu roi de robes moulantes et bodys ouverts dans le dos. Savamment orchestrées par le créateur, les rencontres colorées saisissantes voire tape-à-l’œil culminent avec une série de hauts à manches longues associées à des leggings portés par plusieurs jeunes hommes, mêlant bleu ciel en haut et jaune poussin en bas, ou encore rose et vert. “Habituellement, mon style est plus vagabond, plus romantique, voire nostalgique, confie le créateur. Pour cette collection, j’avais envie de transmettre une énergie que l’on retrouve moins souvent dans l’histoire de mon propre label, avec des pièces qui parlent de la jeunesse d’aujourd’hui.” Une énergie manifeste jusqu’à la démarche empressée des mannequins, défilant parfois en groupe pour dévoiler des déclinaisons de pièces identiques dans plusieurs coloris.
Le sportswear body-conscious de Haider Ackermann pour FILA
Aux yeux du créateur de mode basé à Paris, cette “jeunesse d’aujourd’hui” se retrouve aussi dans sa dimension body-conscious, très attentive à son image, à son corps et à sa santé aussi bien physique que psychologique. En attestent les nombreux vêtements moulants – combinaisons, robes échancrées, hauts à capuches – en Lycra et autres matières techniques très souples, qui composent un vestiaire proche du shapewear, agrémentés de chevrons ajourés ou couverts du nouveau logo Haider Ackermann for FILA en all-over. Si l’on retrouve très peu les velours et satins de soie auxquels Haider Ackermann nous avait habitués, le créateur transpose ici la fluidité et nonchalance artistocratique de son aux matériaux caractéristiques du sportswear, entre vestes à zip et joggings ultra larges en molleton et parkas et blazers légers et aériens en Nylon. Le créateur revendique même l’idée d’un “tailoring sportif”, comme on le constate avec la veste de costume ornée de rayures noires et blanches portée par un mannequin à la chevelure rousse coupée en brosse qui semble faire un clin d’œil à l’icône du glam rock britannique David Bowie. Car, comme le précise Haider Ackermann, le choix de présenter ce défilé à Manchester n’est pas un hasard : au-delà de son ancrage dans le sport avec notamment la renommée du club de football Manchester United, la ville du nord-ouest de l’Angleterre a vu naître de nombreuses stars de la musique – New Order, The Smiths, Oasis – et de la littérature, de Frances Hodges Burnett à Anthony Burgess.
Alors que la date de sortie en boutiques ni la saison de cette nouvelle collection capsule de FILA n’ont pas encore été précisée – bien qu’elle semble s’orienter vers le printemps-été –, la patte de Haider Ackermann amène un tournant bienvenu dans l’histoire du label historique fondé en 1911 en Italie, racheté en 2007 par un homme d’affaires sud-coréen. Après des collaborations récentes avec Fendi, Y/Project ou encore Aries, qui déclinaient la plupart du temps les éléments caractéristiques de la maison – des sacs et baskets en passant par le polo à zip ou le rouge, bleu marine et blanc signature de FILA –, le créateur de mode franco-colombien est parvenu à déjouer les attentes en s’affirmant ici comme un dandy du sportswear. Si ce dernier ne présente plus de défilés pour son propre label depuis 2020, préférant se concentrer sur les collaborations et créations exclusives, il est attendu en janvier prochain pour dévoiler sa collection haute couture pour Jean Paul Gaultier – succédant ainsi à Olivier Rousteing ou encore Glenn Martens, précédemment invités par le créateur. Un projet amplement différent sur lequel il ne peut encore que très peu s’exprimer, mais glissera quand même : “Passer du sportswear à la haute couture sera très intéressant. D’autant plus lorsque l’on voit combien ces deux mondes, que jadis tout opposaient, ne cessent de se rejoindre aujourd’hui.”