Festival d’Hyères : 3 créateurs mode à suivre
Les finalistes de la 35ème édition du festival d’Hyères sont enfin connus. 10 talents ont été sélectionnés dans chacune des trois catégories : design de mode, d’accessoires et photographie. Focus sur trois créateurs à suivre en design de mode.
Par Camille Moulin.
Présidée par le célèbre Jonathan Anderson, créateur du label JW Anderson et directeur artistique de la maison Loewe, la catégorie mode met en lumière de jeunes créateurs aux horizons extrêmement différents, entre humour et réflexions politiques, tradition et technologie.
Marvin M’Toumo – collection femme
Chanteur, danseur, performeur, mannequin… Le jeune créateur cumule les diplômes et les compétences : après avoir intégré l’École Nationale Supérieure d’Art de la Villa Arson (Nice) en 2013 il rejoint en 2016 la Haute École d’Art et de Design de Genève en art visuel puis en design de mode et accessoires. “Sale porc” “Chienne” “Cougar” … Ces nombreux noms d’oiseaux ont été l’inspiration ludique d’une collection déjantée. Pour le festival, Marvin M’Toumo présente une multitude de personnages archétypaux, empruntant aussi bien à la haute couture qu’au déguisement pour ce vestiaire plein d’humour. Il s’amuse habilement des codes de la couture, alliant le point bourdon à la guêpière, et revisitant le bonnet d’âne. Pour cette tenue de shérif, il repense l’uniforme de policier, affublé d’une multitude de plumes de poussin “entre la chair de poule haute couture et les poils d’un vrai flic”, explique-t-il.
Andrea Grossi – collection homme
Andrea Grossi, jeune diplômé de la Polimoda de Florence, a déjà un pied dans la cour des grands. Repéré par le célèbre salon Pitti Uomo de Florence, il y a présenté sa collection de fin d’études lors de l’édition 2019. Le créateur nous accueille au cœur de ce projet intitulé “Welcome to Deusland”, dans lequel il questionne les codes de la virilité et l’avenir de notre société. À travers l’impression de nombreux logos – Amazon ou Mcdonald’s – et autres messages, il dénonce ce qu’il nomme le “chaos occidental”. Ces interrogations se ressentent également dans la recherche de techniques novatrices autour du textile. À l'instar de la coupe au laser ou l’imprimé en relief auquel il mêle un savoir-faire hérité d'une tradition italienne, en provenance direct des ateliers de Toscane.
Katarzyma Cichy – collection femme
Diplômée de l’ENSAD, Katarzyma Cichy présente sa collection de fin d’études aux volumes amples et aux coupes droites. L’inspiration de cette collection : la botaniste Jeanne Barret, première femme à explorer le monde à la voile sur l’embarcation d’Antoine de Bougainville de 1766 à 1769. Alors que la navigation était interdite aux femmes, l’exploratrice se travestit pour monter à bord de L’Étoile : seins bandés, cheveux coupés, vêtements larges, elle dissimule son identité. La jeune créatrice imagine donc des vêtements dignes de cette pionnière. Les volumes sont larges, les épaules carrées et les poches profondes, afin de dissimuler de potentiels spécimens botaniques. La collection s’adapte, à travers des vêtements transformatifs, à une existence mouvementée et trépidante. Les détails en céramique, comme ces lourdes boucles d’oreille d’un bleu éclatant, apportent une touche audacieuse à l’ensemble. Bien qu’à peine sortie d’école, la jeune Polonaise a déjà une conception très affirmée du vêtement, qu’elle conçoit comme un outil pour le corps, pour nous accompagner dans nos excursions et nos aventures.