Ce qu’il faut retenir de la 39e édition du Festival de Hyères
Sous le soleil de la Côte d’Azur, le Tout-Paris (et plus) s’est retrouvé dans les jardins de la Villa Noailles pour découvrir les talents émergents de la mode, de la photographie et des accessoires repérés par le jury de la 39e édition du Festival de Hyères et de son inénarrable président et fondateur, Jean-Pierre Blanc. Retour sur quatre jours (du 10 au 13 octobre dernier) de découvertes et de rencontres, de dîners, de fêtes… mais aussi – et surtout – d’émulsion créative.
Par Camille Bois-Martin.
Chaque année – et depuis 39 ans –, le Festival de Hyères met en avant des talents émergents de la photographie et de la mode. Première étape : un jury étoilé (à l’image de Nicolas Di Felice, directeur artistique de Courrèges), qui leur offre une première reconnaissance professionnelle. Viennent en suite les expositions à la Villa Noailles, les rencontres avec la presse, le défilé des dix finalistes et, enfin, la remise des Prix aux plus talentueux d’entre eux.
Pour cette 39e édition, dix jeunes créateurs (français, belges, israéliens, américains, hongrois, japonais) ont ainsi dévoilé leur univers et leurs collections – dont leur toute première pour certains. Débridée et parfois surprenante, la créativité de ces derniers ne connait ni bornes ni limite, et doit s’exprimer, comme le rappelle Jean-Pierre Blanc à l’ouverture de son festival tant aimé, qu’au travers de “la liberté, ce droit qui fait le bonheur de la jeunesse du monde entier. Comptez sur nous pour se battre pour que ces valeurs continuent d’exister partout, et en particulier ici, à Hyères.” Une promesse importante, et à nouveau tenue par le festival.
Les lauréats du festival de Hyères, évidemment
Difficile de ne pas retenir tous les finalistes du Festival d’Hyères 2024. De la photographie aux accessoires en passant, évidemment, par la mode, chacun emportait dans ses valises un morceau de son univers créatif pour le présenter sur la Côté d’Azur, sous les yeux aguerris ou curieux des invités du festival. Des lauréats photo Basile Pelletier, Thomas Duffield et Clément Boudet (respectivement récompensés du Prix American Vintage, de la Mention spéciale du jury et du Prix du public) en passant par Chiyang Duan (Grand Prix du jury), Clara Besnard (Prix Hermès des accessoires de mode), Camille Combremont (Mention spéciale du jury) et Maria Nava (Prix du public) pour les accessoires, les expositions regroupant leur travail ont attiré foule entre les murs de la Villa Noailles.
Lunettes de soleil alienesques, clichés surexposés, sacs vulve, tirages en noir et blanc capturés en Inde… En se faufilant dans les couloirs de l’institution, les visiteurs découvrent une panoplie de talents et créations diverses, dont le climax se situe dans une petite tente extérieure, en haut de la villa, où sont abritées les collections des lauréats mode du festival.
L’occasion de voir de plus près les vêtements des dix finalistes, présents sur place chaque jour pour expliquer avec passion (et détermination) leur collection : des robes-matelas corsetées du Belge Romain Bichot (Prix 19M et Prix Atelier des matières) aux looks streetwear-chic de la française Gaelle Lang Halloo (Prix du public) en passant par l’écharpe en chocolat et les chaussures-gâteaux de l’israélien Tal Maslavi (Mention spéciale du jury) ou encore les ensembles de motard version tailoring de l’américain Logan Monroe Goff (Prix Mercedes-Benz).
Le gagnant du Grand Prix mode, Dolev Elron
Parmi ces talentueux jeunes créateurs, un en particulier s’est détaché : Dolev Elron. Récompensé du très convoité Grand Prix du Jury Première Vision (présidé par Nicolas Di Felice), l’Israélien façonne un vestiaire pointu, ponctué de courbes et de découpes harmonieuses, qui mise en particulier sur le denim. “Je suis tombé amoureux du denim pendant mes études” avoue-t-il à Numéro. “Cette matière est porteuse du temps et de la mémoire, à la fois sensible et sensuelle, et s’accompagne d’une histoire très longue, assez difficile, que j’essaye d’adoucir avec mes créations.”
Ses inspirations ? “Parfois, toute ma collection repose sur mon exploration de photoshop, parfois c’est une esquisse, parfois un trottoir, un toboggan ou un bonbon…” Des références éclectiques, qui prennent ainsi forme dans ses chemises, dans ses bombers ou dans ses vestes en jean ornées de coutures arrondies et de découpes sinueuses, qui signent aujourd’hui le succès de sa collection, et le futur de ses créations.
Les expositions et les lieux époustouflants investis pour la 39e édition
Outre la mise en avant du génie créatif de ces talents émergents, le Festival de Hyères réserve chaque année une programmation riche en soirées, déjeuners, dîners et expositions. Des traditionnelles fêtes à l’aéroport chaque soir aux repas conviviaux organisés dans les plus beaux lieux de la région, cette nouvelle édition a autant convié ses invités à trinquer sur la plage du Lido ou sur le parvis de la Villa Noailles, comme à danser dans une ancienne piscine désaffectée, réinventée pour l’occasion par la maison Courrèges en boîte de nuit éphémère, pour une fête d’anthologie, entre effets de lumière épileptiques et musiques house-electro.
Mais le plus bel endroit investi au cours de ces quatre jours reste sans aucun doute la Villa Romaine, transformée en salle d’exposition par Première Classe, partenaire incontournable du Festival de Hyères depuis 2017. Sous les ors et les peintures de cette bâtisse érigée en 1890, dans une scénographie signée Paul Bonlarron, les créations des plus célèbres finalistes des dernières éditions du festival se font face et se répondent, et tissent le fil d’un dialogue créatif nourri depuis près de quarante ans par tous les lauréats présents chaque saison sur la Côté d’Azur.
Ester Manas, Marianna Ladreyt, Lucille Thievre, Emma Bruschi, Christoph Rumpf, Meriem Nour… “La jeune création, c’est ce qui nous fait vibrer au quotidien” explique Frédéric Maus, PDG de WSN (organisateur des salons Première Classe) à Numéro. “Ce qui nous anime, c’est d’encourager et de soutenir ces talents émergents. Ça se traduit dans les faits, en étant mécène du Festival de Hyères et de l’ANDAM, mais aussi par la suite, en accompagnant commercialement les créateurs pour développer leur marque”. Un engagement sans faille exemplifié par cette exposition à la Villa Romaine. “On est entouré de créateurs : il faut, à minima, qu’on essaye d’être aussi créatif qu’eux. Pour moi, le Festival de Hyères, c’est un peu la clôture de toutes les semaines de Fashion Week et de salons qui l’ont précédé. C’est un moment magique pour rencontrer et discuter avec des gens de la profession. On y crée un lien spécial.” Difficile de le contredire…