Festival de Hyères 2019 : que faut-il retenir de la jeune création mode ?
En remportant le prestigieux grand prix du jury Première Vision du 34e Festival international de mode et de photographie de Hyères, l’Autrichien Christoph Rumpf se révèle en fer de lance d'une mode fantasmagorique, proposant des silhouettes disproportionnées et fantastiques. Focus sur les designers à retenir de cette édition.
Par Laura Catz.
Le vainqueur Christoph Rumpf, admirateur de Galliano
Démesure, grands volumes et exagération étaient à l’honneur chez les designers en lice pour le grand prix du jury Première Vision de la 34e édition du Festival international de mode et de photographie de Hyères, remporté par Christoph Rumpf. Grand admirateur de Galliano, l’Autrichien au visage candide a imaginé un vestiaire masculin autour d’“un enfant qui aurait grandi seul les bois, pour s’apercevoir qu’il est en réalité un prince”.
Majoritairement convaincus par ce “conte de fées”, les festivaliers ont donc vu défiler des manteaux-armures lustrés en jacquard scintillant, des drapés moirés ou encore des tapis brodés chinés aux puces et recyclés en costumes. Une armée de samouraïs songeurs qu’assume pleinement Christoph Rumpf, qui considère la protection comme le premier rôle du vêtement.
À la tête du jury mode cette année, Natacha Ramsay-Levi, directrice de la maison Chloé, a salué ses créations pour leur “équilibre sensuel et très structuré ”. Christoph Rumpf bénéficiera d'une exposition au Salon Première Vision, qui soutient la jeune création depuis 2011 et assure à ces designers émergents une importante visibilité auprès des professionnels du secteur, leur permettant ainsi de bénéficier de leur expertise.
Oversize à outrance chez Tetsuya Doi, Yota Anazawa & Manami Toda
Autre version de la carapace, tout aussi excentrique, avec Tetsuya Doi, Yota Anazawa & Manami Toda. Ce trio de talents japonais à l’enthousiasme survitaminé a présenté une collection fondée sur l’accumulation de pièces oversized et l’exagération outrancière. Les pantalons et baggys démesurés ne s’enfilent pas, ils se superposent, leurs silhouettes à emmanchures doubles se portent par deux ou trois personnes… en même temps. Abordant le dédoublement de personnalité avec beaucoup d’humour, ils ont puisé leur inspiration dans les années 80 en mixant l’esprit tailleur d’Armani et l’american casual de Ralph Lauren, d’où le nom de leur collection, intitulée “Polomani”.
La belle obscurité de Yana Monk
Beaucoup plus sombres voire angoissants, les vêtements de Yana Monk sont “comme des cocons protégeant l’intimité de ceux qui les portent”, explique la Russe de 24 ans. Surmontées de capuches/cagoules, ses silhouettes se fondent dans de longs imperméables grisâtres drapés façon bâches de protection. “Nous sommes devenus des nomades dans un monde globalisé à la recherche de modes alternatifs pour s'isoler, prisonniers des désirs et de la mémoire collective des autres.” S’il ne s’agit pas d’un vestiaire destiné à des soldats futuristes affrontant l’apocalypse, c’est parce que la collection est en réalité inspirée par le style nomade des Nenets, éleveurs de rennes du grand Nord de la Russie… Qui affrontent la toundra.