Y/Project joue avec le denim et les trompe-l’œil dans son défilé printemps-été 2023
C’est sous les arbres de la cour du lycée Victor-Duruy, à Paris, que Glenn Martens a fait défiler sa collection printemps-été 2023. Au rythme martial de la Marche pour la cérémonie des turcs de Jean-Baptiste Lully, fameuse composition de la musique baroque montant en puissance sur de lents beats enivrants, une soixantaine de mannequins se succédaient sur un podium de graviers dans ce cadre paisible.
Par Matthieu Jacquet.
Récurrent dans les collections Y/Project depuis que Glenn Martens en a pris la direction artistique il y a plus de neuf ans, le denim est ici omniprésent, fil rouge d’un vestiaire qui le transforme dans une grande variété de pièces et de silhouettes. Difficile de ne pas voir ici un lien avec l’activité du créateur belge pour le label Diesel, dont il est également directeur artistique depuis 2020. Moulé sur les corps dans des hauts et robes presque sur mesure, ou au contraire extrêmement large dans des jupes, manteau et pantalons, le matériau se décline ici sous de nombreuses formes et nuances de bleu, parfois agrémentée de nuances brunes, de broderies ou encore de déchirure, jusqu’à former un motif losange décliné sur de longues robes au tombé à la fois lourd et élégant.
Si cette nouvelle collection reprend les éléments phares de Y/Project, des fameuses cuissardes volumineuses en vinyle aux robes, jupes et hauts asymétriques savamment structurés par des jeux de pression en passant par les robes moulantes et sensuelle faites d’assemblages de tulle, elle intègre également la nouveauté dévoilée par le label lors de la saison précédente : les imprimés trompe-l’œil. Initié à l’occasion de la collaboration fructueuse entre Glenn Martens et Jean Paul Gaultier, qui s’est également traduite en janvier par une collection haute couture imaginée par le premier pour la maison du second, ce travail se traduit par l’impression sur les pièces de photographies de vêtements. En bas des pulls ou sur des jupes blancs, le haut de jeans apparaît pour brouiller les pistes tandis que la forme de shorts-culottes en denim surgit sur des mini-robes colorés à la coupe en réalité très minimaliste, jusqu’à des blazers noirs ou gris, sur lesquelles des photographies de blazers sont imprimées à même échelle pour créer un effet de dédoublement qui n’est pas sans rappeler les créations de Martin Margiela dans les années 90.
Agrémentée de boucles d’oreille argentées en forme de cœur, de sacs à main rose ou orange en cuir torsadé et de sandales à lanière ornées de fleurs, la collection dégage un certain romantisme, qui culmine dans la silhouette finale : une mariée au visage partiellement couvert par une volumineuse capuche de tulle crème et vêtue d’une robe transparente, manière à la fois poétique et radicale de clôturer le défilé en beauté qui pourrait bien rendre hommage aux mariées hors du commun, de Mylène Farmer à Nabilla, qui fermaient traditionnellement les défilés haute couture de Jean Paul Gaultier.