26 jan 2021

Valentino redéfinit les codes de la haute couture avec sa collection printemps-été 2021

À travers une collection mixte de plus de 70 silhouettes intitulée “Code Temporal”, Pierpaolo Piccioli présente pour Valentino une nouvelle vision de la haute couture, délaissant les parangons de la féminité extravagante pour la finesse des matières, l’épurement des coupes et la douceur des couleurs. Ce vendredi 29 janvier, la maison italienne dévoilera les coulisses de ce travail remarquable dans un film réalisé grâce à l’intelligence artificielle par le musicien britannique Robert Del Naja.

Splendeur à Rome dans le palais Colonna. Dans le somptueux décor de ce musée, abritant une très riche collection de peintures baroques, classiques et de la Renaissance, la maison Valentino présentait aujourd’hui en vidéo une nouvelle collection haute couture reflétant la chaleur de leur environnement. Si en juillet dernier, Pierpaolo Piccioli choisissait de se limiter au blanc et à des robes extra-longues pour illustrer tout le virtuose de ses ateliers de création, le créateur italien démontre ici leur immense versatilité avec un vestiaire riche de presque 80 silhouettes et – pour la première fois chez Valentino haute couture – mixte. Dès le début du défilé sans public, un hypnotisant accord de guitare se répète avant qu’une voix ne se fasse entendre : celle du musicien anglais Robert Del Naja, membre fondateur du groupe Massive Attack qui dévoile ici un morceau inédit pour la maison italienne avant de sortir, dans quelques jours, un film réalisé grâce à l’intelligence artificielle en immersion dans les coulisses de la collection.

 

Enroulée dans une cape blanc écru faite de petits carrés noués les uns aux autres dont les ajours laissent subtilement apparaître le fuchsia de sa robe, Mariacarla Boscono donne le ton de la collection : ici, fleurs et plumes, nœuds et volants, camaïeux de rouges et roses – les habituelles marques de la féminité façon Valentino – ne se manifesteront que par petites touches, voire se laisseront complètement oublier. Aux couleurs vives, on préfèrera d’ailleurs cette saison une série de tonalités chaudes et douces évoquant les plages de sable fin et les sols arides des vallées désertiques : blancs, beiges et jaunes côtoient plusieurs nuances de brun et d’orange que réveillent parfois des vert anis, verts d’eau et un rose éclatant.

 

Ici, l’exigence propre à la haute couture se traduit précisément dans la justesse des coupes, l’équilibre mesuré des ensembles et le tombé des matières. Entre cachemire, laine bouclée, coton et crêpe de soie, les tissus et tricots mats effleurent les corps, qu’ils les drapent, les enveloppent ou les structurent : de nombreuses robes à la cheville moulent et allongent la silhouette sans la contraindre, d’amples manteaux, étoles et pulls recouvrent les bustes sans trop les cacher, tandis que des pantalons courts en gabardine de laine flottent avec élégance, le tout dotant la haute couture d’un aspect étonnamment accessible, adaptable à de multiples circonstances. Mais le sens du spectacle qui lui est propre n’est pas pour autant laissé pour compte par Pierpaolo Piccioli. L’or et l’argent s’invitent à plusieurs reprises par paillettes et sequins sur des hauts, des robes et même un manteau couvert de franges de lurex, tandis que les plateformes des escarpins sont très hautes et le vinyle brillant des bottes délibérément froissé. La collection possède également ses inévitables pièces maîtresses : une immense jupe en scuba orange fluo dont la silhouette se reflète dans la robe de clôture du défilé, en organdi rebrodé de sequins cuivrés. Dans un final presque solennel, toutes deux se postent au centre de la mise en scène et semblent saluer, en silence, le talent de leur créateur dont le visage, masqué, apparaît derrière avec la timidité des grands génies.