Sportswear, tailoring et culture rave : Dries Van Noten mélange les genres
Présenté ce jeudi 19 janvier dans l’espace brut d’un parking parisien et accompagné par la musique électro jazz du duo Lander & Adriaan, le défilé Dries Van Noten homme automne-hiver 2023-2024 surprend par son mélange des genres et des sous-cultures, dévoilant un pan inédit de la créativité du designer belge.
Par Matthieu Jacquet.
Un défilé Dries Van Noten d’apparence sobre et confortable mettant l’accent sur le tailoring
Dans l’esprit des amateurs de mode, le nom de Dries Van Noten convoque immédiatement plusieurs images : les inspirations florales, une flamboyance élégante et une exubérance subtile passant par les matières et des couleurs, ou encore la mise en avant de savoir-faire exceptionnels tels que la broderie, plumasserie et autres sequins. En cela, le nouveau défilé homme du créateur belge contrecarre les attentes avec un premier volet plus minimaliste qui rappelle l’orientation donnée par certaines de ses dernières collections. Le sexagénaire y troque ses habituelles tonalités vives pour la sobriété des couleurs neutres, mates et unies – noirs, gris, camel, beiges – et de lainages chauds et confortables. Ces premiers ensembles déploient avant tout un vaste éventail de tailoring à travers les coupes des vestes et manteaux tantôt oversize, tantôt cintrées par des boutons voire des ceintures nouées avec la nonchalance d’une robe de chambre, tandis que celles des pantalons oscillent entre des lignes droites et affûtées et des volumes amples et flottants.
Du sportswear à la culture rave, la collection Dries Van Noten automne-hiver 2023-2024 mélange les genres
Au-delà de cette entrée en matière, la collection homme automne-hiver 2023-2024 du label surprend par son mélange des genres et des sous-cultures. Là où des joggings oversize satinés, des blousons teddy en matières soyeuses et scintillantes, ou encore des maillots de foot XXL et transparents empruntent au vestiaire sportswear, le défilé dévoile un certain nombre de pièces d’outerwear telles que d’épaisses doudounes, parkas et pantalons cargo. Ainsi assemblées par le créateur, toutes ces créations se voient transportées dans l’univers des rave parties des années 90 où les dictats de la mode s’effacent pour mieux libérer les corps et les genres. Les morceaux à la frontière entre techno, jazz et électro interprétés en live par le duo belge Lander & Adriaan au milieu du parking qui accueille ce défilé ne sont pas sans évoquer cet univers brut incitant à danser et à s’affranchir des carcans de la société, et rappelle l’amour du créateur anversois pour la musique.
Dries Van Noten n’en néglige pas pour autant sa source principale d’inspiration : le monde végétal et animal. Ici, le créateur s’est plongé dans les livres botaniques du début du 19e siècle et les dessins scientifiques de la nature, que l’on retrouve aussi bien dans les variétés de fleurs tropicales que les rapaces et reptiles. Imprimés dans des tonalités lumineuses souvent pastel aux contrastes doux et légers, ces motifs donnent l’impression d’avoir été estompés par le passage du temps. L’attention au détail du label se complète par les broderies discrètement présentes sur plusieurs pièces, où des suites de perles blanches ou argentées esquissent des lignes sinueuses.