23 fév 2023

Robe à couteaux et bikinis en plumes au défilé Dilara Findikoglu automne-hiver 2023-2024

Ce lundi 20 février à Londres, la créatrice londonienne Dilara Findikoglu dévoilait une collection puissante et féministe, invitant les femmes à embrasser leur puissance autant que leur sensualité.

 

“Notre corps est notre territoire. Nous sommes là pour le réclamer”, écrit Dilara Findikoglu pour présenter sa collection automne-hiver 2023-2024, la bien nommée “Not a Man’s territory” (« pas le territoire d’un homme”). Dans ce court texte aux airs de manifeste, la créatrice londonienne formule d’emblée son désir d’encourager les femmes à affirmer leur puissance et à se réapproprier leurs corps, à l’heure où leurs droits sont encore, partout dans le monde, menacés. Emplies d’assurance, sensuelles, conquérantes voire guerrières, les trente-quatre mannequins qui se succèdent lors du défilé présenté par le label britannique à Londres ce lundi 20 février en témoignent : aux vêtements pour femmes si majoritairement imaginés par des hommes depuis des siècles, Dilara Findikoglu répond par une mode laissant la place au female gaze – soit le “regard féminin”, par opposition au male gaze qui ne cesse d’être déconstruit. Car depuis les premières collections de la créatrice, la femme est en effet amenée à montrer toute sa versatilité  se montrant tour à tour sensuelle, fragile, autoritaire et belliqueuse, mais toujours selon ses propres termes.

 

La collection de Dilara Findikoglu dynamite le male gaze et libère les corps

 

Pour présenter son nouveau défilé, la jeune créatrice d’origine turque a choisi l’intérieur d’une église anglicane, dont le décor solennel se marie tout particulièrement avec l’esthétique néo-gothique et romantique développée dans son label depuis 2015. Si ses collections sont toujours imprégnées d’une touche de rebellion voire de subversion, Dilara Findikoglu semble de plus en plus affiner leur structure sans pour autant les étriquer. En atteste son talent pour la construction, triomphant ici dans des vestes ultra cintrées, des drapés asymétriques, des épaules marquées par des manches gigots ou encore des robes épousant le galbe des mannequins comme une seconde peau. Dans ce vestiaire inédit, les tailles sont corsetées, les mains gantées et les jambes serrées dans des bas en latex. Pour autant, ces contraintes n’enferment pas pour autant les corps, grâce à la superposition habile de mousselines et organzas très fins qui dévoilent la poitrine et les cuisses en transparence, par des coupes et longueurs libérant le ventre et les corps, ou encore l’ajout d’agrafes et laçages qui permettent d’adapter le vêtement à sa propre silhouette.

 

Le style Dilara Findikoglu, entre gothique et sensualité

 

Corsets et baleines maintenant la plupart de ses silhouettes, longs zips intégrés dans la longueur des jupes, épingles à nourrice nichées dans des bas résille, chaînes argentées accumulées et portées autour de la taille, ensembles monochromes déclinés en noir, rouge sang, beige ou blanc… Nombre d’éléments présents dans cette nouvelle collection sont devenus constitutifs du style Dilara Findikoglu qui ne cache pas ses clins d’œil à l’histoire de la mode britannique et ses figures les plus mémorables, de Vivienne Westwood à Alexander McQueen en passant par John Galliano. Afin de garantir ce savant équilibre entre élégance et irrévérence, la créatrice continue cette saison à mettre l’accent sur un autre de ses points forts : la lingerie.

 

Entre ou sous les longues robes style gothique, on découvre ainsi de fines culottes, des soutiens-gorges en dentelle, des bikinis coupés dans un duveteux ou faits de plumes grises. Des plumes qui apparaissent également sur des robes et bustiers accentuant les robes, dans le prolongement de la précédente collection de Dilara Findikoglu. Pour clore ce défilé en beauté, la créatrice dévoile une robe tubulaire en satin noire recouverte de dizaines de couteaux en argents, qui dessinent sur sa surface l’ossature d’un squelette humain. La Londonienne, qui a pour habitude de baptiser des looks de sa collection, a nommé cette pièce “Joan’s Knives” en référence à Jeanne d’Arc. Manière de laisser dans l’esprit des spectateurs l’image d’une femme forte et libre, arborant sur elle les armes de sa bataille.