Retour à la Russie des années 20 au défilé Wooyoungmi automne-hiver 2022-2023
La créatrice Woo Young Mi a pour habitude de puiser ses inspirations dans la littérature. Cette saison, c’est le roman A gentleman in Moscow de l’Américain Amor Towles qui fut le point de départ d’une collection imprégnée par Le Moscou des années 1920…
Par Matthieu Jacquet.
Pour marquer son retour à Paris avec son premier défilé physique depuis deux ans, Wooyoungmi orchestre un parcours traversant plusieurs pièces vides en enfilade, séparées par des cloisons et des portes. Les modèles se succèdent en les ouvrant, finissant par se croiser ou se céder le passage, tandis que les claquements des portes résonnent et rythment cette chorégraphie du quotidien de façon martiale. Ce décor blanc immaculé n’est que plus propice à la mise en valeur des couleurs de la saison, empruntées aussi bien à la fameuse cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux de Moscou qu’aux clichés du photographe Sergueï Mikhaïlovitch Prokoudine-Gorski, l’un des premiers à avoir capturé en couleurs la Russie du 20e siècle. Camaïeu de roses, de rouges et de marrons, dégradés de bleu, de jaune ou de orange sur la maille, beiges et vert d’eau rencontrent le noir et le blanc dans des ensembles équilibrés jouant sur les longueurs. Le label sud-coréen, qui fêtera ses vingt ans d’existence cette année, joue sur les superpositions avec des crop-doudounes et crop-pulls à zip ou sans manches, des cagoules en laine et foulards triangulaires dessinant deux V sur le devant portés sur des blazers et chemises, tandis que les pantalons amples et jeans sont souvent rentrés dans les bottines pour un effet bouffant parés pour les grands froids. Woo Young Mi n’en néglige pas moins son attention au tailoring avec de nouvelles vestes de costume courtes aux épaules larges et à la forme carrée, signature du label, et certains blousons dont la coupe astucieuse crée autour des épaules un volume presque rectangulaire.