26 juin 2018

Que faut-il retenir du premier défilé Dior Homme de Kim Jones ?

Exercice périlleux que de s’affranchir de l’héritage légué par Hedi Slimane et perpétué par Kris Van Assche. Pourtant dans la cour de la Garde républicaine, ce samedi 23 juin, l’Anglais Kim Jones est parvenu à se libérer de l’esprit rock qui planait sur la ligne masculine de la célèbre maison française.

Un hommage à Christian Dior

Tel un totem géant, un Christian Dior de 10 mètres de haut, entièrement constitué de fleurs, trône au centre d’une arène circulaire, dans la caserne de la Garde républicaine. Il tient entre ses mains Bobby, le chien du couturier qui ornait le flacon Miss Dior originel. Cette œuvre est signée de Kaws, artiste américain et ami de Kim Jones. Au sein de la collection, l’hommage continue, chaque détail renvoyant à l’héritage de Monsieur Dior : les fleurs, en broderies ou capturées sous plastique par Lemarié, la toile de Jouy qui était déjà présente ans dans la toute première boutique Dior, le gris perle, le motif cannage décliné sur des sacs ou des trenchs, ainsi que d’incroyables boucles de sac et de ceinture aux initiales CD.

Je me suis plongé dans les archives ainsi que dans la vie de Christian Dior, avant et après la création de sa maison, explique Kim Jones à Numéro. On retrouve dans ce défilé autant d’éléments d’anciennes collections que des passions personnelles de Christian Dior : le jardinage, ses animaux de compagnie, ses maisons et son amour pour l’art. On est presque dans du Dior ‘pré-Dior’.”

L’héritage de la maison Dior omniprésent

Lancé en 2000 par Hedi Slimane et perpétué par Kris Van Assche, l’univers Dior Homme a toujours pris soin de cultiver son identité propre en se distinguant des collections femmes tant dans le style que dans les inspirations. Grande nouveauté introduite ici par Kim Jones : le nouveau directeur artistique s’autorise à puiser dans l’héritage de monsieur Dior lui-même mais aussi celui de ces successeurs – notamment John Galliano – et dans le savoir-faire de la haute couture pour imaginer un nouvel homme, plus sensible et romantique.

En hommage au tailoring de Christian Dior, Kim Jones impose ainsi le Tailleur Oblique, déplaçant la ligne de boutonnage de la veste. La majorité des sacs proposés sur le show s’inspirent du désormais légendaire Saddle de Dior imaginé par John Galliano en 2000 et ressuscité par Maria Grazia Chiuri pour Dior (femme) pour l’hiver 2018-2019. En version sac à dos, banane, mini-pochette et décliné dans un cuir grainé gris perle, marron glacé ou bleu marine, il s’adapte parfaitement au vestiaire masculin. Également aperçue, la toile logotypée qui fit ravage à la même époque est proposée ici sur des baskets. 

Winter Vanderbrink © Dior

Kim Jones, créateur le plus humble et le mieux entouré de l’industrie du luxe ?

Déjà, lorsqu’il était en poste chez Louis Vuitton, Kim Jones se plaisait à rappeler le rôle joué par ses collaborateurs, notamment le styliste Alister Mackie, qu’il faisait intervenir comme consultant. Pour son premier défilé chez Louis Vuitton, l’Anglais, là encore, n’a pas hésité à mettre en avant ses collaborateurs les plus proches, allant jusqu’à saluer la foule, à la fin du show, en faisant monter à ses côtés sur le podium Yoon Ahn (fondatrice et créatrice du label Ambush), à qui il a confié les rênes des lignes bijoux de Dior homme.

Les remarquables boucles de sac et de ceinture dessinant un “CD” discret et évident sont, pour leur part, l’œuvre de Matthew Williams, fondateur du label Alyx (présentant son premier défilé homme et femme le lendemain). Les chapeaux, eux, sont réalisés par Stephen Jones. Enfin l’abeille, symbole de Dior Homme, est transformée par l’artiste Kaws. Sur Instagram, le designer célèbre également Cordelia de Castellane, responsable des collections Baby Dior, qui a habillé les célèbres personnages du streetartist. Un travail en équipe que Kim Jones ne manque jamais de souligner.

© Dior

Une foule de personnalités venue soutenir Kim Jones

Kim Jones avait déjà enflammé le podium – et les réseaux sociaux – en venant saluer la foule, à la fin de son show chez Louis Vuitton, entouré de Kate Moss et Naomi Campbell. Ce samedi, le directeur artistique a montré à quel point il était apprécié, non seulement de ses compatriotes qui avaient fait le déplacement, mais également du star-system et du milieu de la mode.

Étaient ainsi présents : Kate Moss et Naomi Campbell, Victoria Beckham et son fils Brooklyn, les égéries Dior Robert Pattinson et Bella Hadid, A$ap Rocky, Lenny Kravitz, Skepta, The XX, Rita Ora, Lilly Allen, Jade Jagger, Kelly Osbourne, Adrian Joffre (le mari de Rei Kawakubo), Haider Ackermann, Kris Van Assche, Karl Lagerfeld, KenzoTakada, Virgil Abloh, Lou Doillon, l’actrice Gwendoline Christie (alias Brienne de Torth dans Game of Thrones), le galeriste Emmanuel Perrotin, Takashi Murakami, l’influenceur Luka Sabbat, le chanteur Joe Jonas, l’acteur Jeremie Laheurte, Christina Ricci…