Pourquoi le défilé Ester Manas nous réjouit
Après une pause d’une saison, le duo Balthazar Delepierre et Ester Manas a présenté son défilé Ester Manas automne-hiver 2024-2025. Un retour très attendu, mais aussi un nouveau virage pour la marque de mode inclusive.
par Mélody Thomas.
Le retour d’Ester Manas avec le défilé automne-hiver 2024-2025
La Fashion Week de Paris peut avoir quelque chose d’intimidant autant en raison de sa durée, du nombre d’événements que de la réputation qui l’entoure. Mais ces appréhensions disparaissent naturellement lors des défilés Ester Manas tant la marque, en plus d’offrir des collections de mode inclusive, a su créer un espace safe et bienveillant pour sa communauté diverse.
Une sensation qui a manqué à beaucoup lorsque les créateurs de la marque, malgré avoir remporté un prix spécial lors du prix de l’ANDAM, ont fait le choix de ne pas présenter de collection lors de la Fashion Week de septembre 2023. “On en a profité pour aller à des défilés, regarder comment les choses se passent lorsqu’on est de l’autre côté, comment les gens sont habillés…”, commence Ester Manas. “On a posé des questions à nos acheteurs, envoyer des messages à certaines de nos amies dans la presse pour leur demander leur look préféré, ce qu’elles attendaient… La question était comment nous allions nous retrouver six mois après. Il fallait trouver quel cadeau on allait leur faire pour leur dire bonjour”.
“Missed you” affirmait donc l’invitation au défilé Ester Manas automne-hiver 2024-2025 qui s’est tenu à la maison de la Chimie ce mardi 27 février. Une preuve d’affection, un cadeau de retrouvailles… “Comme lorsqu’on retrouve quelqu’un après longtemps, on lui offre des fleurs, des chocolats, on lui fait un câlin”, sourit la créatrice.
Une collection beaucoup plus que des robes de soirée
Le cadeau ? 36 silhouettes qui développent la grammaire stylistique de la marque. On s’attarde sur les manteaux et vestes en cuir, le trench, les vestes et bombers cropped et on convoite les accessoires en mesh comme les sacs demi-lune et les chouchous à glisser dans ses cheveux. Ester Manas : “L’ANDAM nous a permis de diversifier la gamme de vêtements. C’est un bon exercice parce qu’il montre qu’avoir plus de moyens permet de faire plus de choses”.
Ce qui ne signe pas que la robe, pièce signature de la griffe, a disparu de l’offre. Si les volants et fronces sont toujours au rendez-vous, on souligne la création de robes en maille imprimées ou en matière stretch.
L’inclusivité intelligente et concrète
Si l’imagerie et les castings Ester Manas font parler, il ne faut pas oublier que leur travail repose aussi – voire surtout – sur un sens du design ingénieux. Avec l’inclusivité pour boussole, le duo doit penser le développement de nouvelles pièces et a recours pour ce faire à des systèmes de coupe et de laçage distinct. “Il a fallu que l’on s’assoie sur une conviction”, souligne Balthazar Delepierre au sujet de cette nouvelle collection. “Depuis quatre saisons, on avait le projet de pièces one size fits all et si avec les robes en mesh le processus s’y prêtait, ce n’est pas le cas de toutes les pièces”.
Les créateurs ont donc pris la décision de penser leur système de tailles en trois lignes à savoir Hot Line, Cold Line et les essentiels. La Hot Line, ce sont les pièces signatures qui fonctionnent avec le système de tailles uniques, la Cold Line, elle, complète la première avec des vêtements d’extérieurs en cuir labellisés tandis que la dernière regroupe les pièces en jersey. “On a divisé la Cold Line en quatre tailles- qui vont du 34 au 52- grâce à la couture princesse et aux manches raglan. On a réduit au maximum le sens de la production, aussi pour forcer la main des acheteurs. Comme pour la taille unique”, explique Balthazar Delepierre.
Une conversation majeure à l’heure où nombreux sont celles et ceux à avoir remarqué le recul de l’industrie sur les questions d’inclusivité. “C’est une purge. Et en même temps ça permet de voir qui veut vraiment faire avancer les choses et travailler sur ce sujet. On comprend que certains n’avaient pas de sincérité dans leur approche. Beaucoup de marques se sont contentées de ne mettre qu’une seule grosse par show et rien pour elle en rayon”, assène Ester Manas. Elle ajoute : “C’est juste dommage parce qu’il n’y a pas beaucoup de travail pour les mannequins”.
Avec sincérité et conviction, Ester Manas continue d’être un label qui permet d’aborder des conversations autour de la jeune création et de la mode inclusive. Mais plus que poser des questions pertinentes, la marque apporte des réponses concrètes. La mode pour tout.e.s, toujours avec style. Vous aussi vous nous aviez manqués.