Pourquoi KidSuper a fait évènement avec son défilé-pièce de théâtre ?
Sous la forme d’une pièce de théâtre, KidSuper a présenté, ce samedi 24 juin, sa collection printemps-été 2024 au sein du somptueux théâtre de l’Odéon. Ode aux artistes, cet événement s’inscrit dans la continuité des précédents : pas de défilé mais une présentation originale dont seul le créateur américain a le secret.
par Erwann Chevalier.
La pièce de théâtre KidSuper au Théâtre de l’Odéon
Se rendre à un défilé KidSuper, c’est être témoin d’une expérience mode non conventionnelle. Depuis ses débuts en 2022 à la Fashion Week homme de Paris, Colm Dillane, le fondateur du label new-yorkais, propose une autre manière de présenter ses collections. Pas de défilé mais une incroyable vente aux enchères, l’été dernier, lors de laquelle certaines œuvres se sont vendues à plus de 100 000 dollars, ou bien un spectacle d’humour où de nombreux humoristes, dont le Français Fary, se sont passé le micro pendant une heure pour “tenter de faire rire” le public. Même si les pièces qui composent les collections passent trop souvent inaperçues — on ne les voit presque pas tant le moment offert par le créateur happe l’attention des invités —, KidSuper est toujours un moment fort de la semaine de la mode homme parisienne.
The Big Funk et Léo Walk chez KidSuper
Le rendez-vous est au théâtre de l’Odéon, dans le sixième arrondissement de Paris, ce samedi 24 juin. Si la cohue résolument étouffante, à l’entrée de l’institution, dissuade de nombreux invités de se rendre à l’évènement, l’attente interminable sous un soleil de plomb en valait peut-être la peine. Pour la saison printemps-été 2024, KidSuper a imaginé une petite pièce de théâtre dans laquelle un artiste semble être bloqué dans son acte créatif. Cet artiste est Colm Dillane qui tient son propre rôle. Intitulée “Comment avoir une idée”, cette pièce de 25 minutes est un voyage poétique dans le cerveau du créateur qui essaye de comprendre la naissance d’une idée révolutionnaire. Et, pour donner vie à sa vision, le directeur artistique a collaboré avec le scénographe français Thierry Dreyfus, la compagnie théâtrale franco-américaine The Big Funk et le chorégraphe français Léo Walk accompagné de sa compagnie de danse La Marche Bleue. Cet exercice de vérité qui était l’un “des plus durs” pour Colm Dillane, selon ses termes, a été incarné grâce à des décors en mouvement qui défilaient de droite en gauche comme des pages qui se tournent.
Le conduit auditif d’une oreille géante amène tout d’abord le créateur dans un salon chaleureux, qui finit par prendre feu, puis dans un open space angoissant, une boîte de nuit emplie de danseurs dont le LSD aurait fait effet beaucoup trop vite, un jeu télévisé ultra kitch dans lequel les participants sont assis dans des cases — du style Académie des 9 —, une laverie dont personne n’aimerait mettre les pieds… Cependant tout se déroule parfaitement bien à croire que Colm Dillane devenu comédien pour l’occasion peut ajouter cette nouvelle corde à son arc. D’ailleurs, le spectacle se termine même par une morale (à prendre ou à laisser) : ”Make it up and don’t take advice from people who didn’t take risks” (“Inventer et ne pas prendre conseil auprès de ceux qui n’ont jamais pris de risques”). De quoi nous laisser méditer en attendant la prochaine saison.