Pour son défilé printemps-été 2023, Thom Browne rend un hommage queer et sexy à la couture française
Dimanche 26 juin, le créateur américain Thom Browne brisait une fois de plus les codes du tailoring … et du défilé à l’Hôtel de Crillon dans une collection printemps-été 2023 puissamment sexy et chic, où triomphait le tweed pastel en hommage à la couture française.
Par Elliot Mawas.
C’est un bel hommage à la couture française que signait Thom Browne, ce dimanche 26 juin à l’Hôtel de Crillon. Pour présenter sa collection, il avait choisi le cadre d’un très chic salon parisien – référence aux premiers défilés des maisons de couture. Alors que les premières silhouettes d’écoliers – thème cher au créateur – défilent, la musique s’interrompt brusquement. De mystérieuses invitées, guindées et polies comme des mondaines d’un temps passé, interrompent le spectacle, cherchant leur place… Le facétieux créateur américain, connu pour briser les codes du tailoring à coup de lignes overzize, a également subverti le format du défilé. Au programme ? Une esthétique couture chic et sexy, mettant à l’honneur des ensembles en tweed étincelants, des détails punks, et des jockstraps (sous-vêtement masculin dévoilant les fesses) plus que voyants.
C’est parés de coiffures hérissées rappelant les grandes heures du punk, que les mannequins se sont succédé sur le podium, dans des ensemble en tweed de toutes les couleurs. Emblématique de la maison Chanel et du vestiaire féminin, ce tissu, conçu spécialement dans le sud de la France pour Thom Browne, est ici décliné dans des coupes défiants les codes du genre : des costumes aux boutons dorés brillants associés à des jupes, des crop tops avec des manteaux, des vestes oversize portées sur des Bikini masculins (avec soutien-gorge triangle minimaliste), des pantalons et jupes très, très taille basse laissant apparaître le début des fesses… Le tissu fin et ornementé de broderies qui évoque la couture traditionnelle se mêle harmonieusement aux références sportswear, jouant avec les tailles et les coupes pour produire un vestiaire chic et sexy. Mais comment évoquer cette collection sans parler de sa pièce maîtresse ? Il s’agit en effet du jockstrap, rehaussé du logo tricolore signature du label, mis à l’honneur cette saison… une audace qui ne surprend guère de la part de ce créateur qui avait déjà l’habitude de mettre les hommes en jupe. En toute logique, le show se ferme ainsi sur deux hommes habillés en mariés, immédiatement suivis d’un cow-boy dur-à-queer : en veste courte et chaps (jambières en peau unies par une ceinture portées par les cow-boys), il arbore, fièrement dressé, un phallus en jean orné d’un piercing-pendentif, tout en se déhanchant sur des airs de Madonna. Une collection puissamment sexy et élégamment décadente dans laquelle le génie créatif et loufoque de Thom Browne s’incarne pleinement.