19 juin 2023

Porcelaine, sequins et tricornes : la délicieuse folie du défilé Charles Jeffrey Loverboy

Star montante de la mode écossaise, le créateur Charles Jeffrey a marqué la Fashion Week de Milan à coups de robes en porcelaine, d’armures à sequins et de tricornes à plumes. Un défilé printemps-été 2024 ultra-coloré, inspiré par la royauté et les nuits queer londoniennes. 

Le défilé Charles Jeffrey Loverboy, entre modernité et royauté

 

La reine est morte, vive le roi ! Ou plutôt les rois… Alors que le Royaume-Uni faisait ses adieux, en septembre dernier, à Elisabeth II et couronnait il y a quelques semaines son fils Charles III, le créateur écossais Charles Jeffrey s’amuse à imaginer tout le public de son défilé en tête couronnée. Sur les chaises de l’assistance, une couronne en papier et une paire de lunettes de déguisement sont en effet posées, annonçant un défilé empreint de modernité et de royauté. Et les invités n’ont pas été déçu du voyage, qui les a transportés dans l’Angleterre du 18e siècle réinventée dans l’esprit Loverboy. Ainsi les armures en cuir se transforment-elles en hauts et bas en jean brodés de sequins bleu (matière que le créateur renomme Liquid Ecstasy), les kilts se réinventent en mini-jupes à plumes ou à motifs écossais jaune et turquoise. Autant d’éléments du vestiaire traditionnel, qui se retrouvent aussi interprétés de manière littérale : des tricornes en satin blanc ou bleu, un haut à fraise en plumetis… 

 

Charles Jeffrey Loverboy imagine des robes en porcelaine et des tricornes à plumes

 

Mais le diable reste dans les détails, auxquels Charles Jeffrey porte en effet une attention toute particulière. Flamboyantes, ses silhouettes s’accessoirisent de très hauts talons à plateformes et griffes en métal, de tricornes surmontés de plumes et de maquettes de dessins, d’headband en tricot ou encore d’épées en porcelaine. Ces dernières, présentées en début de défilé, annonçaient déjà les looks du final, conçus en collaboration avec la manufacture de poterie anglaise Wedgwood fondée en 1759. En résultent trois ensembles grandiloquents en porcelaine noire et blanche ou bleue et blanche, qui reprennent les célèbres motifs Jasperware. Outre cette collaboration surprenante, le créateur écossais a également travaillé avec une intelligence artificielle afin de concevoir les curieux dessins colorés imprimés sur des pulls et des cyclistes. Un joyeux bordel de motifs, de matériaux et de couleurs vives qui rejoint l’euphorie du final, au cours duquel les mannequins semblaient reproduire une soirée en boite de nuit. Certains se précipitent en avant tandis que d’autres marchent à reculons, s’arrêtent en plein milieu, tournoient… Tel un charivari fashion, à l’image de la délicieuse folie qui caractérise le label Charles Jeffrey Loverboy, aussi avant-gardiste que fantaisiste.