Pluie d’or et de fleurs au défilé Dries Van Noten automne-hiver 2023-2024
Dans la salle du Palais des Sports, Dries Van Noten présentait ce mercredi un défilé d’une grande poésie incarné par des mannequins tout d’or et de fleurs vêtues. Une nouvelle démonstration de l’étendue de sa technique et de sa créativité.
Par Matthieu Jacquet.
Dries Van Noten et l’or : une véritable histoire d’amour
Un podium couvert de feuilles d’or pour les défilé automne 2006, des clôtures en bois peintes en doré en arrière-plan du défilé printemps-été 2014, sans compter le nombre de vêtements et d’accessoires rehaussés par cette teinte lumineuse… L’obsession de Dries Van Noten pour l’or ne date pas d’hier. Nullement surprenant de voir cette couleur se dessiner comme fil rouge de la nouvelle collection du label belge, annoncée dès les feuilles d’or disséminées dans l’enveloppe d’invitation. Cette saison, le créateur originaire d’Anvers a orchestré avec une grande finesse la rencontre entre l’or et les autres couleurs et matériaux : c’est ainsi que le doré s’invite discrètement, par des fils d’or brodés le long du col, des épaules et des jupes de tailleurs bleu marine, se répand plus visiblement depuis la taille sur un drap de laine noir ou le sergé ocre de deux manteaux, voire recouvre la quasi totalité d’un caban camel. Sa brillance chaleureuse ne cesse de s’affirmer au fur et à mesure de la collection, aussi bien à travers des damassés de quelques jupes et manteaux que les nombreuses broderies, se greffant aux tissus floraux – motif caractéristique de Dries Van Noten – pour former des ensembles éblouissants.
Un défilé poétique tout en délicatesse
À travers près de soixante silhouettes, la collection du créateur belge s’écrit avec une grande poésie, montrant tout le virtuose de celui qui débutait sa carrière il y a maintenant près de quarante ans. Enveloppés dans des pièces plutôt longues et sombres au début, entre longs manteaux, pantalons épais et blazers oversize, les mannequins s’affirment et se découvrent peu à peu, à mesure que leurs corps se parent de créations plus lumineuses, bien que très automnales : un trench en vinyle orange parsemé d’un imprimé hortensias, des escarpins cuivrés et vernis, un manteau duveteux à poils court couleur rose pâle, une flore chamarrée et automnale imprimée en all over sur des robes aériennes… Et bien sûr de nombreux empiècements en organza superposés sur les silhouettes ou assemblés avec des tissus fleuris, plus épais et opaques, pour créer des formes de secondes peaux.
Si les épaules arrondies des manteaux, les tailles cintrées des robes et vestes ou encore le drapé habile des jupes en laine asymétriques témoignent d’un travail minutieux de la structure, Dries Van Noten les libère de leur potentielle rigidité en utilisant une importante quantité de matières fluides, légères et soyeuses flottant sur les corps avec délicatesse. Entre les rangées de fauteuils de la grande salle du Palais des Sports, les mannequins arpentent le podium et descendent jusqu’à la scène, leur marche reflétée par un immense miroir face au public. Un batteur installé au centre de la scène fait tinter ses clochettes et rouler ses tambours, rythmant ce moment de grâce et de subtilité dont Dries Van Noten a le secret.