Palomo Spain revisite la mode hippie pour sa collection automne-hiver 2021-2022
Imprégné par l’esprit de la fin des années 60 et des années 70, le créateur espagnol Alejandro Palomo propose pour la nouvelle collection de son label Palomo Spain une collection portée par des couleurs printanières, des matières légères et des volumes amples contrastant avec les coupes très structurées des pièces, qui dotent l’ensemble d’une allure décontractée plutôt inédite.
Par Matthieu Jacquet.
Cela fait désormais 5 ans que la mode baroque, flamboyante et subversive proposée par Palomo Spain s’est imposée dans le paysage de la mode occidentale. Porté par une vision originale et transgressive sur le vestiaire masculin, son fondateur Alejandro Palomo présente cette saison une collection plus légère et estivale qu’à l’accoutumée – malgré sa saison, automne-hiver 2021-2022 – et particulièrement influencée par l’esprit de la fin des années 60 et 70. C’est en effet dans le mouvement hippie et l’élan d’une jeunesse engagée, anti-guerre, pacifiste et progressiste que le créateur espagnol a trouvé un certain écho à notre époque, animée par les combats et prises de conscience des nouvelles générations quant aux crises qui la traversent. Au cœur du décor extérieur de la centrale solaire Solar Tres, non loin de Séville, les mannequins apparaissent entre divers panneaux géants reflétant la lumière blanche d’un soleil légèrement couvert. Si dès les premières pièces de ce nouveau vestiaire, on retrouve l’attention du créateur à la structure et au tailoring, les silhouettes se dotent d’une allure incontestablement décontractée, plutôt inédite pour le label : dans les nombreux costumes dévoilés cette saison, les gilets sont ouverts ou maintenus par un seul bouton et les chemises sorties des pantalons. Des crop-tops et débardeurs ultra échancrés dévoilent une partie du torse, des tuniques sans manches en maille légère à rayures colorées et à franges s’assortissent à des pantalons extra-larges ou des jeans taille basse à pattes d’eph, on aperçoit des chemises et robes en coton pourvu de multiples imprimés fleuris, carreaux vichy, rayures ou pois… autant d’éléments rappelant l’esthétique d’un mouvement ancré dans les cultures et mémoires collectives.
Appuyant cette atmosphère par les tonalités douces de ses pièces – entre lilas, bleu ciel, jaune, vert olive, blanc et crème, brun clair –, Alejandro Palomo n’en délaisse pas pour autant le goût pour le baroque et l’extravagance qui le caractérise. Une approche manifeste à travers les grands contrastes et jeux de volumes des silhouettes, les manteaux amples mais légers, les manches gigots ou à volants, de fines capes de losanges couvrant l’intégralité des robes ou des hauts comme des parures d’arlequins. Toujours très attentif à la précision de la coupe, le créateur espagnol singularise ses pièces par des jeux de détails et de boutonnages, des coutures contrastées ou surpiqûres, des cols pelle à tarte pour ses chemises ou d’autres cols montants en dentelle blanche devenus caractéristiques de son style, ainsi que le rembourrage de l’entrejambe sur les shorts et pantalons, qui n’est pas sans rappeler les braguettes intégrées aux costumes masculins de la Renaissance. Alors que des plumes, des perles et cristaux Swarovski apportent aux pièces une certaine opulence, les larges bobs à cordons et gavroches qui coiffent les modèles parfont une collection au croisement des époques annonçant – comme son titre “Nuevo Dia” l’indique – l’aube d’un nouveau jour.