Ottolinger transporte du virtuel au réel pour son défilé automne-hiver 2022-2023
Depuis deux ans, face à la pandémie, la plupart des labels et maisons de mode ont été contraints d’investir le monde virtuel pour dévoiler leurs collections. Mais face à un retour progressif des défilés en présentiel, Ottolinger a cette saison opté pour un format hybride, dévoilant les pièces sur un écran d’ordinateur avant que les mannequins n’apparaissent en chair et en os, dans une véritable transition du numérique au physique…
Par Matthieu Jacquet.
C’est au sous-sol d’un temple du gaming à Paris qu’invitait le label berlinois cette saison. Contrairement aux rangées auxquelles habituent généralement les défilés, Cosima Gadient et Christa Bösch proposent à leurs convives à découvrir d’abord la collection confortablement installé sur un fauteuil réservé aux joueurs passionnés, devant un ordinateur individuel. Dans la vidéo diffusée sur l’écran, les mannequins apparaissent à travers un labyrinthe noir gonflable auquel font écho les volumes gonflés de leurs ensembles : les velours des combinaisons sont rembourrés par endroits pour former des petits boudins ligotant le corps, les doudounes sont asymétriques dans leur coupe et leurs coutures, subtilement déstructurées, et les fourrures et poils bordent les vestes et manteaux en laine ou en cuir, voire recouvrent des guêtres pour donner aux silhouettes un aspect animal. Si l’on connaissait Ottolinger pour ses pièces en mesh quasi transparentes et décorées d’imprimés, plutôt légères et estivales, le label se démarque cette saison en adaptant ses coupes signature à un vestiaire bien plus chaud, paré pour se protéger dans les régions froides du monde : des mailles épaisses lisses ou cotelées de longues jupes, combinaisons moulantes et pagnes, les vinyles des pantalons et matelassés des parkas recouvrent autant qu’ils protègent la peau. Un vestiaire plus proche de l’outerwear qui n’empêche pas les deux créatrices de dévoiler le corps avec sensualité, comme à travers des pantalons moulants, des hauts et jupes ajourées, des laçages et même des tops aux formes organiques qui semblent avoir été réalisées en impression 3D – tout comme le petit sac à main bosselé dévoilé cette saison, décliné en version opaque et transparente.