Marine Serre dévoile sa collection dans un court-métrage futuriste et mystique
C’est à travers une véritable production audiovisuelle de science-fiction que Marine Serre dévoile sa collection printemps-été 2021. Dans “Amor fati”, un court-métrage de 13 minutes réalisé par Sacha Barbin et Ryan Doubiago, la créatrice française invite la chanteuse Sevdaliza et l’artiste Juliet Merie au sein de mondes étranges où s’incarne sa vision futuriste.
Par Matthieu Jacquet.
L’apocalypse, Marine Serre l’avait annoncée il y a quelques saisons déjà. De sa désormais célèbre collection “Marée noire”, dévoilée il y a un an et hantée par la perspective d’une montée des eaux, à sa dernière collection présentée en mars dernier, à l’heure où l’ombre du Covid-19 gagnait tout juste la France, la créatrice française a su démontrer son regard visionnaire. Mais à l’heure de la crise mondiale actuelle, alors que ses masques jadis jugés excentriques sont devenus une réalité quotidienne, Marine Serre est attendue au tournant. Et la jeune femme ne déçoit pas, proposant un court-métrage de 13 minutes dans lequel elle dévoile sa collection printemps-été 2021. Réalisé par les cinéastes Sacha Barbin and Ryan Doubiago, sur une musique originale de Pierre-Édouard Rousseau, le film se présente comme une production audiovisuelle ambitieuse déjà accessible gratuitement sur Youtube.
Aux confins entre Le Cinquième Élément de Luc Besson et Under the skin de Jonathan Glazer, “Amor fati” emprunte indéniablement son imaginaire aux films de science-fiction. Dans un espace vide d’une blancheur clinique, on découvre un individu post-genre étendu sur un lit, en train d’être marqué, piqué et réveillé par d’étranges chirurgiens. Alors que sa route rencontre ensuite celle de la chanteuse irano-néerlandaise Sevdaliza, le spectateur part avec elles à la découverte de mondes nouveaux : ici, dans un désert ardent, des hommes et femmes s’enlacent frénétiquement, là, dans un sous-sol sombre et bleutée d’apparence subaquatique, des individus se tournent le dos, presque tous intégralement masqués, tandis que Sevdaliza s’allonge sous un rideau de pluie qui nest pas sans évoquer l’œuvre Tristan’s Ascension de Bill Viola.
Au fil de chacun des espaces parcourus, la collection de Marine Serre se révèle un peu plus. Si les fameuses combinaisons en jersey stretch parsemées de lune jalonnent comme à leur habitude ce nouveau vestiaire, l’imprimé emblématique du label se décline également en jacquard sur des robes et vestes structurées, jusqu’à se mêler à des cercles bleu azur dans des imprimés à l’esthétique proche de l’Op art qui habillent des ensembles moulants. Alors que des masques imprimés ou brodés de perles et les capuches s’associent à des pantalons et vestes en denim recyclés et que les bottes, souliers et escarpins se font le fruit d’une collaboration avec Jimmy Choo, les célèbres sacs sphériques Dream Ball de la créatrice deviennent des brûleurs d’encens et quelques pochettes et sangles dotent les transforment les modèles en aventuriers agiles de ces lendemains incertains. Car comme l’indique “Amor fati”, le titre de sa collection, Marine Serre propose ici un regard mystique sur un futur hypothétique appelant tout un chacun à “embrasser sa destinée”.