Le punk fait-il son retour mode avec le défilé Egonlab ?

Un défilé Egonlab automne-hiver 2023-2024 entre punk et grunge

Un décor sombre et une rangée de lampadaires éclairés par de faibles ampoules : tel est le décor choisi par Egonlab pour présenter son nouveau défilé “Parasomnia” à la Fashion Week à Paris. Noctambules, les mannequins incarnent des personnages errant au seuil d’un rêve, dans un état entre le sommeil et l’éveil, tout en portant des pièces revisitant les fondamentaux du jeune label parisien lancé en 2019, récompensé du prix Pierre Bergé par l’Andam en 2021. Cette saison, Kévin Nompeix et Florentin Glémarec agrémentent leurs larges manteaux en laine aux épaules marquées de manches gigots, leurs blousons matelassés pour les border de lisières en denim, repensent leurs mini-jupes portées sous les blazers et sur les pantalons pour leurs ajouter des manches de chemises et réutilisent même le laçage, élément phare de leurs premières collections, sur un short en cuir noir séparable en deux à l’aide d’un zip sur le devant et au dos.

Si Egonlab a toujours puisé ses inspirations dans la vie nocturne, ses deux jeunes fondateurs ont dévoilé ces dernières saisons un volet plus lumineux et ludique de leur identité, que reflètent certaines des pièces inédites présentées ici : des imprimés picturaux aux couleurs chaudes – jaune, orange, vert – sont déclinés sur de longues robes légères et fluides et des chemises cintrées soyeuses au style très baroque, l’épais tricot de pulls et longues écharpes porte des rayures bicolores –, sans doute un clin d’œil à celles portées par les maisons de Poudlard dans la saga Harry Potter, des motifs à petits oursons ludiques apparaissent sur un pull rose… Avant que le défilé ne se clôture avec plusieurs manteaux épais et enveloppants brodés de papiers de papillotes de Noël, qui ajoutent à ce vestiaire un esprit festif et extravagant.

Egonlab rend hommage aux grands créateurs britanniques

Dans le texte accompagnant le défilé, les fondateurs d’Egonlab dédient leur collection à Vivienne Westwood, papesse de la mode punk disparue en décembre dernier. Il n’est donc nullement étonnant de retrouver chez eux plusieurs références à la créatrice britannique et au mouvement dont elle a été une figure majeure : les tartans, présents chez le jeune label depuis ses débuts, reviennent en force, le denim est ici récurrent et parfois délavé pour adopter un effet rouillé, la maille de certains pulls amples est déchirées et l’on découvre même un pantalon XXL en denim troué pour laisser apparaître l’imprimé coloré de sa doublure, partis pris qui renvoient également au style grunge. Les influences britanniques surgissent également dans les pantalons élégamment coupés en-dessous des fesses pour laisser apparaître le haut des cuisses, qui peuvent rappeler les fameux taille basse dits “bumsters” imaginés par le créateur Alexander McQueen au milieu des années 90. Autant de propositions qui, réunies dans les 38 silhouettes du défilé Egonlab, composent une collection résolument irrévérencieuse.