17 jan 2024

Le grunge sexy du défilé Egonlab automne-hiver 2024-2025

Porte-parole d’une génération désenchantée, le jeune duo Egonlab triomphe encore avec un défilé automne-hiver 2024-2025 sombre, où l’esthétique grunge rencontre un tailoring sexy.

Une collection automne-hiver 2024-2025 empreinte d’une mélancolie nihiliste

 

“Donner naissance aux héros en nous, et dans le monde qui nous entoure.” Les mots choisis par Egonlab pour présenter leur collection automne-hiver 2024-2025 sonnent comme un manifeste. Cette saison, le duo formé par Kévin Nompeix et Florentin Glémarec invite dans les profondeurs de l’âme, mais aussi à se plonger dans le passé, afin de mieux comprendre le présent. Le nom de la collection ? Only Lovers Left Alive (“Les derniers amants encore en vie”), titre du film de Jim Jarmusch mettant en scène, dans un monde nocturne feutré, deux vampires contemporains  – joués par Tilda Swinton et Tom Hiddleston – en proie à une mélancolie nihiliste. Un esprit qui parle beaucoup aux deux jeunes créateurs parisiens : depuis sa création en 2019, Egonlab s’impose comme porte-parole d’une génération désenchantée, perdue dans les méandres d’une époque complexe.

 

Référence majeure du duo, la musique est également au cœur du film de Jim Jarmusch à travers le personnage d’Adam, vampire rockeur pris d’une intense nostalgie. Après avoir fait référence au punk, au milieu techno et aux cultures underground, le duo infuse son défilé automne-hiver 2024-2025 d’un esprit grunge, référence au mouvement de rock rebelle et subversif né dans les années 90, dont Kurt Cobain fut l’un des émissaires. Une esthétique que l’on retrouve immédiatement dans des pulls en laine torsadé portés nonchalamment, les jeans troués et denims délavés à l’acide, mais aussi les longues franges qui pendent de certaines chemises et manteaux.

 

Le tailoring sexy du nouveau défilé Egonlab

 

Plus pudiques à leurs débuts, les collections d’Egonlab ont libéré récemment une grande sensualité, qui culminait dans les silhouettes sexy du défilé printemps-été 2024. Cette saison, le tailoring, point fort du label, se montre de plus en plus aiguisé avec des manteaux et blazers noirs aux épaules ultra marquées, contrastant avec des tailles très cintrées, même sur les chemises en jean, dont les coutures se resserrent afin d’épouser le ventre. Derrière ce vestiaire qui n’est pas sans rappeler le “power dressing” de Mugler ou Montana, on pense à la mode des années 80, pour lequel le duo ne masque pas son l’amouer – leur dernière collection s’intitulait “Toute première fois”, en hommage au tube de Jeanne Mas. 

 

Marchant dans les pas de Demna chez Balenciaga et d’Anthony Vaccarello chez Saint Laurent, Egonlab joue savamment du contraste entre ces pièces très structurées et la fluidité des top-foulards en soie, noués à des colliers dorés pour glisser le long du corps, et la nudité du ventre révélé par les “crop-pulls“, voire complètement dénudé. La peau de plusieurs mannequins a même été maquillée pour laisser apparaître, en trompe-l’œil, les traces d’un haut qui aurait déteint, estampillé par de grosses étiquettes. Ouverts sur le torse, les larges manteaux dont le pan gauche est maintenu sur le droit par une broche argentée, créent un volume d’une grande élégance, qui semble incarner à la perfection ce vestiaire très contemporain.