3 oct 2025

Chez Schiaparelli, le prêt-à-porter flirte avec la couture

Dans les galeries du Centre Pompidou qui accueillaient, il y a un peu plus d’un an, les fascinantes sculptures de Brancusi, Daniel Roseberry dévoilait, ce jeudi 2 octobre, sa collection Schiaparelli printemps-été 2026.

  • Par Camille Bois-Martin.

  • Un défilé Schiaparelli entre haute couture et prêt-à-porter

    Si les collections Schiaparelli de Daniel Roseberry semblent immanquablement faire l’unanimité chaque saison, beaucoup reprochent au créateur américain de trop s’éloigner du prêt-à-porter. Il est vrai que, face à une création de ce dernier, on peine souvent à déterminer s’il s’agit de haute couture ou bien de vêtements destinés à la vie quotidienne… Mais n’est-ce pas là tout le génie de la maison ?

    Fashion Week après Fashion Week, le calendrier parisien de la mode compile des dizaines de défilés chaque jour. Il s’avère ainsi souvent difficile de départager certaines marques, ou de retenir des moments forts – à moins de ne faire cogiter plusieurs cerveaux. Pourtant, Schiaparelli parvient inévitablement à se démarquer, en réunissant non seulement de grandes célébrités (Kendall Jenner clôturait le show), mais, surtout, en proposant un vestiaire unique, où l’héritage surréaliste d’Elsa Schiaparelli se métamorphose à travers la vision contemporaine de Daniel Roseberry.

    Dalí, Brancusi… et Daniel Roseberry

    Certes, certains looks nous semblent impraticables : notez une robe en cotte de maille déchirée, ou un tricot rouge au col surdimensionné obstruant le bas du visage. Mais tous nous séduisent par leur aspect semi-couture fascinant, un poil excentrique et déroutant, nourris d’une multitude de références pointues à l’héritage de la maison.

    À l’instar d’une veste que l’on imagine, de loin, en fourrure et qui s’avère, de plus près, brodé de pinceaux – un écho subtil au “veston aphrodisiaque” décoré de petits verres, imaginé par le peintre Salvador Dalí en 1936. Collaborateur historique d’Elsa Schiaparelli, il a créé avec cette dernière d’innombrables looks, à la croisée des arts et de la mode. Une frontière subtile, comme celle entre la haute couture et le prêt-à-porter, que le créateur explore ainsi allégrement. On note aussi la référence à la Tears dress de 1938, dont les motifs imitant des déchirures se transforment, pour le printemps-été 2026, en de véritables entailles dans les tissus.

    Daniel Roseberry s’inspire également d’un autre artiste emblématique du 20e siècle : Constantin Brâncuși. Alors que le créateur américain s’émerveillait devant les sculptures de ce dernier au sein de sa rétrospective organisée au Centre Pompidou au printemps 2024, il décide ainsi d’y présenter son nouveau défilé. Dans les mêmes galeries qui ont abrité les œuvres du sculpteur franco-roumain, il dévoile une série de silhouettes dont les courbes nous évoquent les rondeurs de sa célèbre Muse endormie (1910) – tels des tailleurs décorés, sur les hanches ou sur les épaules, d’excroissances. Ou encore à l’image de l’aspect rugueux de ses Baiser, incarnés par des colliers de pierres illuminées de lumières LED.

    Tous les looks du défilé Schiaparelli printemps-été 2026