Le créateur AlainPaul raconte son second défilé

Un défilé AlainPaul empreint des codes du ballet

Même endroit, même lieu, même heure que la saison dernière : au théâtre du Châtelet, le jeune créateur et ex-danseur Alain Paul, ancien collaborateur de Demna et de Virgil Abloh, présente sa seconde collection, pour l’automne-hiver 2024-2025. Loin des tendances éphémères qui rythment le monde de la mode, il poursuit la construction de son univers élégant et rigoureux, où la danse dicte les coupes et les inspirations de chacune de ses pièces.

“L’univers de la maison vient du monde de la danse, dans lequel j’ai grandi. C’est vraiment un ADN, ce n’est pas un thème. Et c’est quelque chose que je voulais vraiment renforcer dans cette collection.” martèle-t-il en effet en coulisses. Alors que le ballet infuse de plus en plus de collections – de Dior homme à Chanel haute couture –, Alain Paul reste fidèle à ses convictions et à cet univers si particulier dans lequel il a évolué, qui continue aujourd’hui de nourrir son imagination. 

Jusque dans la façon même dont il réfléchit à l’ordre de passage de ses looks : “Ce défilé débute de manière très construite, avec des tenues de danseurs entre chaque ensemble de tailleur, et plus on avance, plus le tailleur se déconstruit et s’ouvre”, dans le dos notamment. Le stylisme, lui aussi, puise dans la manière dont les danseurs assemblent leur costume, entre layerings de pièces moulantes et voiles légers, assurant une amplitude de mouvement et une silhouette étirée. 

Une collection automne-hiver 2024-2025 inspirée par la danseuse Martha Graham

Outre les allusions plutôt explicites au ballet – des bottes satinées au bout carrés rappelant les pointes des ballerines aux justaucorps brillants en passant par la robe en tulle blanc du final —, la marque continue d’explorer depuis sa première collection les concepts de rigueur et de discipline chers à son fondateur : “On retrouve ces idées au sein de ces longues silhouettes qui étirent le corps, et de ces tailleurs très strictes qui assurent un port de tête élégant” nous explique ainsi Alain Paul.

Mais ce qui inspire plus précisément le créateur pour cette seconde collection, c’est le ballet Lamentations imaginé par la danseuse américaine Martha Graham en 1930. Exprimant ses émotions intérieures au gré d’une chorégraphie gestuelle quelque peu conceptuelle et proche de la performance, celle-ci insuffle aujourd’hui à AlainPaul des pièces aussi abstraites, qui se fondent dans la transparence d’une matière et dans la superposition de vêtements de couleurs uniformes . “Je travaille vraiment à l’instinct” conclut-il ainsi notre interview en coulisses. Et cela lui réussit en effet très bien…