Le baggy fait-il son grand retour avec le nouveau défilé Givenchy homme ?
Présenté au premier étage de l’hôtel des Invalides, le défilé Givenchy homme printemps-été 2024 revisite les codes classiques des archétypes masculins – businessman, écolier, voyageur… – tout en actant le retour en grâce du jean baggy.
Par Matthieu Jacquet.
Construit à Paris sur la commande de Louis XIV, l’hôtel des Invalides est un véritable emblème de l’architecture du 17e siècle. Entre les rangées d’arcades identiques qui encadrent sa cour carrée, ses lignes de force orthogonales symétriques et dénuées d’ornements, ou encore son empilement de colonnes inspiré par l’antiquité grecque, le bâtiment adopte toutes les caractéristiques du classicisme. Un classicisme proprement français auquel Matthew M. Williams semble directement répondre chez Givenchy avec une collection homme printemps-été 2024 tout en sobriété qui explore les codes historiques du vestiaire masculin occidental contemporain. Et qui, en toute logique, se voit présentée sous les colonnades de l’édifice parisien.
Du businessman à l’écolier, Givenchy explore les grands archétypes masculins
Trois grandes figures émergent de la quarantaine de silhouettes présentées cette saison. Le travailleur de bureau voire le businessman, dont le costume assoit la stature professionnelle. L’écolier, dont l’uniforme incarne l’éducation et l’apprentissage des règles de bienséance. Et le voyageur, dont les vêtements et accessoires accompagnent les périples dans des zones parfois hostiles. Un panel auquel le créateur américain emprunte les éléments caractéristiques, à l’instar des nombreux costumes fluides et blazers à épaules marquées, longues chemises et sobres cravates qui manifestent son amour du tailoring – particulièrement démontré dns la précédente collection masculine de la maison –, ou encore des pulls en laine ajourée pour dessiner les losanges du motif jacquard et polos gris, blanc et rouge, suivant les codes couleurs qui se retrouvent dans de nombreux lycées. Comme un clin d’œil à ces souvenirs d’enfance et d’adolescence, Matthew M. Williams choisit de les décliner dans des tailles extra small, serrant le buste pour en faire dépasser les chemises.
Des ensembles hybrides et un retour en grâce du baggy
C’est justement dans le croisement de ces différents vestiaires que l’on retrouve le goût du trentenaire, arrivé à la direction artistique de Givenchy, pour les syncrétismes. Ainsi, des parkas striées de bandes fluo réfléchissantes se portent sur les costumes. Les manteaux plus habillés recouvrent des pantalons fluides et hauts extra larges, en velours ou perforés par de gros œillets. Les pulls rose, chauds et amples, se portent sur des shorts en denim. Les gilets à poches, harnais et autres sacs à dos nomades s’assortissent à des pantalons plus habillés. Tandis que la combinaison sans manches, incarnation de la praticité, se voit sublimée par une matière plus noble et une coupe épurée. Mais la collection printemps-été 2024 confirme surtout une tendance récente : le retour du baggy, modèle de jean très en vogue à la fin des années 90, dont la coupe XXLe et le tombé volontairement au-dessous du bassin appuie une grande nonchalance associée jadis à la quintessence du cool – clin d’œil, sans doute, à l’adolescence de Matthew M. Williams en Californie. Une présence qui s’accompagne du retour en grâce de la figure du skateur, contrecarrant la supposée rigidité d’un vestiaire plus classique qu’aurait pu annoncer les premières silhouettes.