La mode désinvolte et libertaire du défilé Magliano, lauréat du prix LVMH
Le défilé printemps-été 2024 de Magliano, jeune créateur lauréat exeaquo du prix Karl Lagerfeld au prix LVMH, était l’un des plus attendus de Milan. Entre superpositions de matières et style désinvolte, sa mode libertaire détonne dans le paysage italien.
Par Camille Bois-Martin.
Le défilé Magliano, un rendez-vous très convoité de la Fashion Week de Milan
Il y a tout juste deux semaines, Magliano s’envolait pour Milan, une bourse Karl Lagerfeld en poche remise à l’issue de la prestigieuse compétition du prix LVMH. Sans surprise, tout le milieu de la mode a ainsi répondu présent à son défilé printemps-été 2024, organisé en fin de fashion week milanaise ce dimanche. Le rendez-vous était donné au Palazzo Del Ghiaccio, une immense patinoire de 1800m2 plus habituée à accueillir des spectacles, concerts et conférences que des évènements de mode. Et là réside le cœur du label Magliano, qui construit depuis plusieurs années une identité libertaire. Que ce soit à travers la coupe de ses vêtements très ample et déconstruite, fabriqués à partir de matières lourdes upcyclées, ainsi qu’à travers ses couleurs (du sable au gris en passant par le kaki) mais également à travers sa manière de les mettre en scène au sein de ces lieux underground et souvent oubliés. Sur un podium en hauteur, ses mannequins se sont ainsi succédés, défilant parmi des invités amassés sur quelques chaises et bancs, au sein d’un intérieur semblable à un chantier – grillages, bâches, sol bétonné…
Magliano, une mode libertaire et ultra-pointue
À l’instar de ce décor, le label de Magliano est en encore en cours de construction. Mais son ADN, travaillé à chaque découpe, est déjà assez fort pour le différencier des autres maisons de mode italienne. Son label, qu’il décrit dans une interview pour Numéro “à l’opposé des règles et des conventions bourgeoises”, parvient ainsi à faire le poids entre les présentations d’Emporio Armani et de Prada organisées le même jour. En ressort une collection aux looks très travaillés, composant des silhouettes à partir de superpositions de plusieurs couches de vêtements qui associent autant des parkas à des tailleurs, qu’un débardeur en maille (matière fétiche du créateur) à un haut en coton… Bref, tout le défilé de Magliano se joue dans la maîtrise de la composition et l’inscrit à contre-courant d’une mode italienne plus glamour et flamboyante à la Versace ou à la Dolce & Gabbana. Mais ses créations établissent déjà à elles-seules un style reconnaissable, fait de vêtements apparemment simples – des bombers, des ensembles en jean, des cardigans – qui, sous sa patte, se transforment en pièces ultra pointues.