8 mar 2021

La collection Schiaparelli automne-hiver 2021-2022

Si tout le talent de Daniel Roseberry, directeur artistique de Schiaparelli depuis deux ans, s’illustre incontestablement dans ses collections haute couture pour la maison française, cette nouvelle collection de prêt-à-porter montre sa capacité à s’amuser des codes de la maison et, plus généralement, du vêtement et de l’accessoire pour proposer un vestiaire alliant la qualité à l’inattendu. 

“J’adore travailler pour une maison de couture, car ici la créativité n’a pas cessé de définir la mission et ne passe jamais au second plan” écrit Daniel Roseberry afin de présenter sa nouvelle collection pour Schiaparelli, dont il est directeur artistique. En effet, depuis sa prise de poste il y a deux ans, l’Américain semble comme un poisson dans l’eau, puisant avec un grand enthousiasme dans le riche héritage laissé par sa fondatrice Elsa Schiaparelli. Si les goûts partagés des deux créateurs pour l’exubérance, l’opulence et un brin d’irrévérence se retrouvent dans les dernières collections haute couture de la maison française, ceux-ci imprègnent également sa ligne de prêt-à-porter. Dans le nouveau vestiaire proposé par Daniel Roseberry pour la saison automne-hiver 2021-2022, on retrouve une appétence certaine pour l’insolite et l’inattendu, un pas de côté qui se libère du conventionnel par quelques chocs subtils tout en parvenant à susciter la convoitise. Des décisions simples mais efficaces et non moins originales : le devant d’une chemise et d’un pantalon en denim se retrouvent transférés sur leurs dos, boutonnages inclus, un blouson aux allures de bomber s’agrémente d’un immense capuchon volumineux dans un cuir bleu marine, une paire de gants bicolores s’étire le long des bras pour se rassembler au-dessus la tête, la recouvrant là aussi comme une capuche, tandis que cette même silhouette s’esquisse par une robe drapée dans un satin teinté du fameux rose Shocking de la maison. Les matières, les coupes et les fonctions s’écartent de l’habituel pour créer l’exception.


Au début du film présenté par Schiaparelli pour cette nouvelle collection, on entend la sonnerie d’un téléphone alors que l’on découvre une oreille géante dorée, se révélant être la coque d’un smartphone. Clin d’œil sagace à la mode longtemps dite “surréaliste” d’Elsa Schiaparelli, cet objet annonce en réalité une nouvelle déclinaison par Daniel Roseberry de bijoux, accessoires et détails fragmentant le corps. Sur plusieurs pièces, en effet, d’étranges paires de seins apparaissent : des cercles concentriques s’apposent sur la poitrine de manteaux et chemises, deux empiècements en forme de goutte s’invitent au milieu d’une veste en tweed et d’un pull en maille jusqu’à émerger du tricot même d’un cabas à bord côte qui l’imite directement, tandis que le cuir marron d’un sac à main est moulé pour évoquer le volume d’un buste et le fermoir d’une pochette dessine distinctement la forme d’un téton percé. Sur un blazer écru, Daniel Roseberry dessine des pectoraux et abdominaux, référence directe aux mini-robes moulées aux musculatures saillantes qu’il dévoilait il y a un mois et demi dans la collection haute couture printemps-été 2021. Une nouvelle fois, le doré se retrouve partout, des colliers, boucles d’oreilles et bagues, de leurs morceaux d’œil, de nez ou de bouche jusqu’au boutons et discrets zips d’ensembles plus sombres, auxquels ils apportent leur subtile touche lumineuse, en passant par quelques coiffes, corsets aux lignes sinueuses et brillantes brodées sur un costume noir. On le retrouve également sur le cadenas signature de la maison, et emblématique du sac Elsa dont le créateur américain dévoile ici deux nouvelles déclinaisons, ainsi que sur une broche en forme de fleurs et la silhouette d’une colombe, allégorie de la paix et de la liberté.