La collection Nina Ricci automne-hiver 2021-2022
Inspirés par le concept de « l’air du temps”, qui donnait son nom au célèbre parfum de la maison, Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh propose pour Nina Ricci un vestiaire automnal où se mêlent habilement matières et coupes raffinées à d’autres plus fonctionnelles, jouant sur des pièces parfaitement taillées pour les régions pluvieuses.
Par Matthieu Jacquet.
Depuis leur arrivée à la direction artistique de Nina Ricci il y a trois ans, Lisi Herrebrugh et Rushemy Botter ne cessent de s’inspirer d’une phrase culte de la maison : “L’air du temps”. Expression poétique du zeigeist dans la langue française, celle-ci a aussi donné son nom au parfum culte de la maison française créé en 1948. En juillet dernier, cette eau de toilette légère, féminine et fleurie inspirait déjà le duo pour la collection printemps-été 2021, mais son nom semble se retrouver à nouveau dans l’esprit de ce nouveau vestiaire. En 29 silhouettes, les deux directeurs artistiques démontrent comment ce concept évoquant généralement la douceur du printemps peut aussi s’appliquer aux périodes plus froides et moins ensoleillées de l’année. À commencer par les couleurs : une nouvelle fois, les créateurs néerlandais réveillent les tonalités sourdes et telluriques – roses poudrés, beiges, blancs écrus, rouges, bordeaux et bruns – souvent associées à Nina Ricci par des impacts de couleurs vives ou fluo. Ici, le vert s’invite dans de multiples nuances : des hauts discrets à col roulé aux blousons en passant par les robes courtes, jupes et vestes, le vert olive et le vert chartreuse habillent des pièces unies, à l’exception d’un tweed en pied-de-poule dans lequel on retrouve un élégant manteau court à col montant et un pantalon taille haute aux jambes longues et évasées. Si la couleur émerge également avec le orange, par petites touches, sur les célèbres chapeaux cloches de la maison – ici revisités pour ne former sur la tête qu’un dome étonnant –, on la retrouve jusqu’au bleu Klein des sièges pliants disposés derrière les mannequins, dénotant lui aussi avec le beige du décor, tandis le rose pâle d’un tissu technique transparent achève la collection sur un manteau, pantalon et polo.
Souvent les collections automne-hiver ont pour habitude de parer les corps aux journées les plus froides et sèches par des laines et fourrures épaisses, mais il est plus rare d’y trouver un vestiaire pensé pour les régions et les moments pluvieux de l’année. C’est justement de là que semblent partir les ensembles imaginés par le duo : à travers les nylons et la gabardine, les blazers et cabans, les vestes à zip, costumes à capuches et parkas mais aussi les manteaux courts à boutons obliques qui replongent directement dans les années 60, Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh mêlent le luxe raffiné des laines et des lignes épurées de leurs pièces à des matières et coupes plus techniques et fonctionnelles, qui composent des ensembles très équilibrés. Entre costume affûtés et cintrés, robes asymétriques à boutons et larges imperméables, chacun pourra ainsi trouver son compte dans une collection qui, si elle évoque l’automne dans les villes occidentales, n’est pour autant pas si loin de l’air marin – une inspiration chère au duo néerlandais, qui l’explore régulièrement à travers son propre label Botter.