Kenzo dévoile la première collection de Felipe Oliveira Baptista
Pour sa première collection pour Kenzo, Felipe Oliveira Baptista propose 60 silhouettes hommes et femmes qui revisitent une mode nomade et fonctionelle empreinte de minimalisme.
par Léa Zetlaoui.
Lors de l’arrivée de Carol Lim et Umberto en 2011, fondateurs du label Opening Ceremony, impossible de ne pas être surpris non seulement par l’annonce même de leur nomination mais également par leurs propositions au sein desquelles les imprimés abondent et les couleurs vives clashent. Pendant 8 ans, le duo perpétue l’héritage foisonnant de Kenzo Takada à travers des collections étonnamment branchées. Incarnation ultime de cette rencontre improbable? Un sweatshirt en coton ou maille colorés brodé d’une tête de tigre et du logo Kenzo stylisé. Mais les modes passent, et huit ans plus tard les propositions extravagantes du duo Carol Lim et Umberto Leon ne séduisent plus autant.
En juillet 2019, la maison du groupe LVMH annonce l’arrivée d’un nouveau directeur artistique pour la maison en la personne de Felipe Oliveira Baptista. Né au Portugal ce créateur touche-à-tout (qui fait également de la photographie) officie de 2013 à 2008 chez Lacoste. Durant cette période Felipe Oliveira Baptista hisse Lacoste au rang de label mode à suivre sans pour autant mettre de côté les collections sportswear. Le chiffre d’affaires quant à lui passe, de 1,4 en 2009 à 2,4 milliards d’euros en 2017. Ce mercredi 26 février 2020, Felipe Oliveira Baptista présentait sa première collection pour Kenzo, un défilé très attendu qui mélangeait les silhouettes hommes et femmes.
Dans le jardin de l’Institut national de jeunes sourds à Paris, au sein d’une structure transparente gonflée à l’air chaud, ce sont ainsi 60 nouvelles silhouettes qui dessinent les contours de la mode Kenzo pour les prochaines saisons. Et c’est avec satisfaction que l’on retrouve le style minimaliste et sportswear que défend le directeur artistique – passé par Christophe Lemaire –, associé à des détails techniques et fonctionnels. Les pantalons et manches sont serrés aux mollets et poignets par des liens; les godets et fentes des robes sont permis grâce à des zips; zips que l’on retrouve sur des manteaux afin d’en raccourcir les longueurs quand ils ne sont pas reversibles; les cols sont montants, la tête protégée, les chaussures imposantes… Les matières, notamment le nylon, la laine, le coton, et le cachemire recyclable confèrent à l’ensemble un aspect brut et organique.
Où se situe l’esprit Kenzo? Davantage dans l’âme d’une collection nomade, dans la poésie des pièces qui privilégient l’allure et le confort, dans les superpositions savantes qui enveloppent le corps. Si les pièces de Baptista n’ont pas l’extravagance colorée de Lim et Leon, elles offrent néanmoins une continuité certaine à l’esprit Kenzo, notamment à travers les coupes. Intégralement noire, la première silhouette composée d’un long pardessus d’une capeline agrémenté d’un voile arrière et de grosses bottes, donne le ton. Par la suite s’invitent le gris et le beige ainsi que quelques touches de bleu Klein, un vert de gris, un corail. Si les monochromes sont légion, Felipe Oliveira Baptista se permet deux fantaisies : la première en utilisant les œuvres du peintre portugais Júlio Pomar, notamment des tigres – emblème de Kenzo –, et de très beaux imprimés fleuris, à la limite de l’abstraction, qui évoquent des camouflages. Dans un contexte climatique angoissant, cette première collection signée Felipe Oliveira Baptista pour Kenzo distille un sentiment rassurant et réconfortant.