23 juin 2021

JW Anderson et Juergen Teller immortalisent la jeunesse londonienne pour la collection printemps-été 2022

Une fois de plus depuis l’avènement des fashion weeks digitales, JW Anderson troque les défilés physiques pour une présentation non moins physique de sa collection printemps-été 2022 : des photographies capturées par Juergen Teller, ensuite envoyées avec des cadres à une liste de destinataire. L’occasion d’y découvrir un vestiaire joyeux tout en couleurs flashy, qui évoque aussi bien la jeunesse londonienne d’aujourd’hui que la mode arborée par les ravers – adepte des soirées underground durant les années 90 et 2000.

Cette saison chez JW Anderson, confort, humour et fête sont de mise. Plutôt qu’une présentation physique, le fondateur du label Jonathan Anderson opte à nouveau cette saison pour une série d’images photographiées avant d’être imprimées et envoyées avec leurs cadres à une liste de destinataires. “Quand j’étais plus jeune, on nous photographiait à l’école et on nous les donnait avec la photo et le cadre, se remémore le créateur nord-irlandais. J’aime l’idée que chaque photo pouvait se tenir toute seule. On pouvait même les mettre au-dessus de notre cheminée.” Pour mener à bien ce projet, le directeur artistique a une fois de plus fait appel au grand nom de la photographie de mode Juergen Teller pour capturer sa collection dans les pièces d’une maison typiquement londonienne : moquette au sol, papier-peint aux murs, véranda humide, bâtisses en briques et ciel grisâtre servent de décor aux lads, des jeunes hommes et femmes à la sortie de l’adolescence, qui endossent ces nouvelles pièces. Dans cet environnement domestique, les mannequins pourraient aussi bien sortir du lit que rentrer d’une rave party, et c’est là toute l’ambiguïté dont s’amuse Jonathan Anderson en faisant exploser sur ses silhouettes une myriade de couleurs flashy. Rose fluo, bleu électrique, jaune vif, rouge et vert y composent ainsi une palette contrastée et joyeuse aux accents festifs.

 

Au fil des silhouettes, des fraises géantes envahissent pulls en maille, blousons sans manches, survêtements et hoodies : déclinées dans différentes tonalités toutes aussi éclatantes, celles-ci évoquent d’emblée l’esprit résolument pop de cette collection. Une esthétique que complète le logo du label où, tel des graffitis, les initiales de Jonathan William Anderson envahissent le devant des hauts comme si leurs lettres capitales avaient été bombées sur le textile. Côté coupes et matières, Jonathan Anderson opte pour un vestiaire décontracté et confortable, caractérisé par des tissus et mailles souples, joggings amples en molleton, blousons imperméables, mini-shorts en nylon, pantalons larges et robes moulantes dont les rayures obliques tricolores accentuent les silhouettes. Espiègle, le créateur ne se prive pas de quelques fantaisies, comme un haut à frange composé de grosses perles en plastique tissées ensemble dont le rouge s’agrémente de quelques fleurs bleues au pistil jaune, et qui rappelle son inspiration explicitement enfantine. Jouant sur la limite entre le mauvais et le bon goût, JW Anderson complète ces ensembles par des sandales en plastique roses ou bleues dans lesquelles les modèles glissent leurs pieds en chaussettes, ou encore des mocassins aux boucles dorées ultra-épaisses, déjà exploitées par le label lors de ses précédentes collections. Un hommage jubilatoire à la jeunesse et à la vie nocturne, qui semble aussi bien s’adresser à la génération devenue adulte en temps de crise sanitaire qu’aux adeptes des soirées underground dans les années 90, nostalgiques d’un esprit libertaire dont le Covid-19 a souligné la dimension rare et précieuse.