Juergen Teller met en affiches les nouvelles collections JW Anderson
Cartes postales, pop-ups, pochette surprise et maintenant affiches : à l’ère des Fashion Weeks 100% digitales, le créateur irlandais Jonathan Anderson ne manque pas d’idées pour présenter ses pièces de manière originale. Ici réunies, les collections femme pre-fall 2021 et homme automne-hiver 2021-2022 sont mises en scène par un photographe de renom : Juergen Teller.
Par Matthieu Jacquet.
En juillet dernier, lors de la première Fashion Week 100% digitale, Jonathan Anderson créait l’étonnement en déballant sa collection pour son label JW Anderson d’une petite pochette surprise renfermant de nombreux éléments, dont les visuels de chaque pièce accompagnés de fleurs séchées. Si l’art postal avait à l’époque soufflé l’idée au créateur irlandais, c’est vers un autre format d’image que ce dernier se tourne pour dévoiler la saison homme automne-hiver 2021-2022 et la femme pre-fall 2021 : l’affiche. Une trentaine de silhouettes inédites se présentent donc désormais sur des posters dont l’auteur, mondialement connu pour son style irrévérencieux, a depuis une trentaine d’années établi une vision de la mode et du corps décalée voire tapageuse : Juergen Teller.
Apprécié par Jonathan Anderson pour son regard graphique, le photographe allemand a mis en scène les modèles, dont l’actrice britannique Sophie Okonedo, dans un environnement très végétal peuplé de plantes exotiques, de fruits et de légumes, avant d’inscrire sur les clichés des annotations colorées. “Man with ficus”, “Red and blue shirt” ou encore “What are you looking at?” : ces légendes initialement descriptives y sont volontairement mélangées et placées sur les clichés de manière inadéquate. Ainsi, au-dessus d’une robe-chemise bleu ciel à manche bouffantes photographiée devant un mur en béton est décrite une chemise déboutonnée avec l’ombre d’une plante, tandis que sur le cliché en question est mentionnée l’image que l’on vient de voir, manière amusante de jouer avec le regard du spectateur et sur le rapport texte-image.
Car comme le suggère également cette idée, les deux collections de JW Anderson invitent avant tout à réviser ses présupposés du vêtement. Plusieurs pulls en laine bouillie aux couleurs fluo sont allongés jusqu’aux chevilles et laissent même passer en leur milieu des ceintures nouées, la popeline de chemises extra-larges laisse tomber l’un de ses pans au sol afin de créer une asymétrie délibérée, un trench est construit comme une robe à taille haute dont les plis créent un volume étonnant… mais la pièce majeure de la collection restera sans doute le pantalon élargi en haut de la cuisse qui dessine autour des jambes deux rectangles aux airs de cerfs-volants. Coupées dans un tissu violet brillant ou dans un sergé de coton plus classique, habillées de carreaux bicolores ou du logo “JW Anderson”, ces pièces s’assortissent avec des mocassins à boucles dorés, des pulls loufoques et autres sacs en cuir qui donnent à la collection une dimension ludique particulièrement appréciable en ces temps troublés.