1 oct 2022

Issey Miyake rend hommage à son fondateur dans son défilé printemps-été 2023

Ce vendredi 30 septembre, le label Issey Miyake présentait sa première collection depuis la disparition cet été de son fondateur, à l’âge de 84 ans. Un hommage émouvant tout en pureté et romantisme, réunissant aussi bien les innovations techniques qui ont fait la force de son design que son amour pour la danse et le spectacle.

Au nord-est de Paris, à la frontière de la capitale, une grande salle est plongée dans le noir. Deux immenses sculptures textiles blanches flottent avec l’air qui passe, avant de s’allumer tels des photophores éclairant la scène. C’est dans ce décor minimaliste qu’Issey Miyake dévoile un nouveau défilé aux airs d’hommage, puisque son créateur et fondateur éponyme du label disparaissait le 5 août dernier. Avant que le spectacle ne commence, un portrait en noir et blanc du Japonais apparaît sur des écrans tout autour du podium, accompagné d’une de ses plus éloquentes citations: “Je pense qu’il y a de l’espoir dans le design. Le design inspire la surprise et la joie chez les individus”. Comme une réponse à ces mots et aux sculptures qui trônent au milieu de la salle, cette nouvelle collection démontre dès ses premières silhouettes combien la mode peut en effet, à la manière de l’art, générer l’émotion par l’intelligence de la création.

 

Asymétriques pour la plupart, les hauts, les robes, jupes et autres chemises qui introduisent ce nouveau vestiaire jouent sur le placement habile des pliures pour créer des volumes étonnants – et flatteurs –, qui ne prennent vie que lorsqu’ils épousent le corps. Le maître du plissé l’a affirmé pendant plus de soixante ans : par la science du textile, de sa coupe et de son traitement, le vêtement peut s’adapter à tous types de silhouettes et sublimer leurs formes comme leur démarche. Construite comme souvent en série, la nouvelle collection du label révèle plusieurs innovations, telles que la création de plissés circulaires, l’assemblage de différents types de tricots dans de mêmes robes en maille souple, élégamment gonflées par endroits – jusqu’à former parfois des sortes d’épines –, ou encore l’utilisation technique de rubans dans le pliage des chemises pour faire naître des manches bouffantes.

 

Romantisme et pureté émanent de ce nouveau vestiaire, dont l’ingéniosité culmine dans l’impression de simplicité qu’il renvoie. Ainsi, les imprimés colorés qui habillent les pièces font écho à leurs coupes géométriques, jouant avec la bidimensionnalité du patron et la tridimensionnalité du vêtement porté. De nombreuses ouvertures dans les manteaux et les robes libèrent quant à elles les bras, qui animent la structure rigide des pièces et révèlent la fluidité des matériaux. La collection aurait pu se terminer sur les deux robes tubulaires et sans manches en maille côtelée où la silhouette abstraite d’un corps longiligne apparaît tantôt en noir sur blanc dans l’une, tantôt en blanc sur noir dans l’autre, tels la lumière et l’obscurité. Mais cela était sans compter sur l’amour bien connu du label pour la performance : alors que le défilé semble toucher à sa fin, des danseuses classiques toutes de beige vêtues investissent la salle sur les notes jouées par un pianiste présent à leurs côtés. Alors, pendant que de nouvelles rangées de mannequins se succèdent vêtues d’une série de robes en maille, le public peut apprécier la chorégraphie des corps autant que des textiles, sautillant et virevoltant au rythme de celles qui les revêtent. Car comme le disait Miyake lui-même, susciter la joie et la surprise par le design est sans doute ce que le créateur su faire tout au long de sa vie… et promet déjà de se prolonger grâce au talent de son équipe.