Invitation au voyage au défilé Ottolinger printemps-été 2023
Après un dernier défilé entre réel et virtuel présenté dans une salle de gaming, le label berlinois Ottolinger revient à Paris pour dévoiler une collection estivale, évoquant un aller simple pour une destination inconnue et entourée par les eaux.
Par Matthieu Jacquet.
“C’est un été Ottolinger”, annonce le label berlinois dans le communiqué présentant son collection printemps-été 2023. Installé sur des matelas blancs posés sur un sol recouvert d’une moquette grise, le public du défilé présenté ce dimanche 2 octobre au cœur du Marais aurait pu s’attendre à une présentation calme et cotonneuse. C’est en réalité tout l’inverse qui se prépare : sur les rythmes gabber frénétiques du duo Ascendant Vierge et la voix haut perchée de sa chanteuse Mathilde Fernandez, les mannequins se succèdent dans une rapidité déroutante, comme pressées de quitter la pièce pour partir à l’aventure. En attestent les valises à roulettes tirées par certains modèles, les paires de solaires colorées et la tonalité estivale des pièces, la nouvelle collection Ottolinger est une invitation au voyage vers des destinations ensoleillées et maritimes inconnues. Un tournant bienvenu après une dernière collection présentée dans une salle de gaming, comme une odyssée plus individuelle et mentale dans un monde virtuel fictif.
Que cela passe par les touches de bleu qui ponctuent les pièces, les culottes aux airs de maillots de bain ou les lignes courbes qui enserrent les corps et découpent les ensembles avec fluidité, l’eau est une constante de ce vestiaire. Pour autant, si Ottolinger avait habitué à la légèreté du mesh – devenu leur matériau fétiche – ou encore à la douceur réconfortante de matières rembourrées et de fourrure dans les saisons plus froides, les deux fondatrices du label Christa Bösch et Cosima Gadient mettent ici le cuir à l’honneur dans des vestes qui revisitent le perfecto, mais aussi des robes courtes et jupes longues asymétriques. Jouant à nouveau avec les assemblages et superpositions de matières diverses, le duo mêle des empiècements en maille lâche, du denim trompe-l’œil, des hauts et bas en jersey moulant et imprimés multiples dans des looks déstructurés par les ouvertures, les cordes et les coutures sinueuses. Pièces phares de cette collection lumineuse, réveillées par les blancs, jaunes, rouges et verts, les pantalons et robes brodées de fleurs discrètes qui mêlent relief et transparence, ainsi que les chaussures aux talons étonnants bombées en argent, en orange ou en noir, semblant tout droit sorties d’un film de science-fiction. Comme le précise Ottolinger dans son statement sur cette collection, “Regarder en arrière, c’est se condamner à mort”. Sept ans après sa création, le label berlinois continue indéniablement d’aller de l’avant.