3 mar 2021

Dries Van Noten libère les corps avec sa collection automne-hiver 2021-2022

Inspiré par Pina Bausch, Joseph Beuys ou encore Pedro Almodóvar, Dries Van Noten dévoile une collection poétique dans une ode visuelle à la danse, portée par une quarantaine de danseurs, mannequins et performeurs. À travers des pièces jouants sur les coupes droites, les matières fluides et les imprimés trompe-l’œil, le créateur belge matérialise son évolution vers une mode plus épurée mais non moins raffinée.

Longtemps, les collections Dries Van Noten ont été un festival de couleurs, de motifs, de broderies et de matières où les contrastes s’entrechoquaient dans des ensembles flamboyants et jubilatoires. Pourtant, depuis sa dernière présentation masculine, le créateur belge semblerait peu à peu nous habituer à une nouvelle ère dans sa carrière depuis la création, à la fin des années 80, de son label à son nom. Une ère où la profusion laisserait place à plus de simplicité et d’épurement, comme pour revenir à l’essence d’une élégance où son identité reste pour autant bien saillante. Sa collection femme automne-hiver 2021-2022 le confirme : dans un film et des photographies capturés par Casper Sejersen, des dizaines de mannequins, danseurs et performeurs, hommes et femmes, se livrent à des chorégraphies où des vêtements tout en longueur glissent sur leurs silhouettes au rythme de leurs gestes. Poétique, la mise en scène permet aussi d’apprécier le tombé lourd du drap de laine, du tweed et du feutre des épais manteaux, la souplesse de la soie en crêpe ou satin duchesse des robes longues et droites, la grâce de la flanelle des costumes dont les vestes ouvertes donnent aux mouvements toute leur ampleur, mais aussi le frétillement flottant de la fausse fourrure et du tulle que l’on retrouve par liserais sur les coutures de certains hauts, vestes et pantalons.

 

Portée par cette puissante dramaturgie, la collection de Dries Van Noten laisse, contrairement à son habitude, triompher ses couleurs vives par leur mariage à des tons plus neutres comme des noirs, gris et bruns. Au fil des silhouettes, on voit se dessiner des nuances de rose et vert, des pastels, des lilas et bordeaux, des beiges et des bleus roi, des verts tirant sur le jaune et surtout un rouge sang, récurrente expression tout le long de la collection d’une intensité et d’une passion incarnées par les modèles en action. D’ailleurs, sur plusieurs robes et pulls, ce même rouge se voit associé à l’image d’un bouquet de roses, motif favori du créateur belge. On ne peut qu’y voir un clin d’œil aux amateurs de sa mode qui connaissent déjà tout son amour pour les broderies florales, différents tissages et autre techniques d’ornementation : ici, Dries Van Noten a photographié textiles froissés et fleurs pour les imprimer ensuite sur ses pièces, créant ainsi un effet de trompe l’œil où le vêtement devient le support presque pictural de l’image numérique. Des cristaux Swarovski et sequins au cuir verni des bottes et escarpins, la lumière se reflète par petites touches sur quelques pièces pour éclairer une collection alliant l’extrême raffinement à la promesse d’une libération des corps, dans une ode chorégraphique à leur exaltation.