22 sept 2025

Erdem, Simone Rocha, Harris Reed… Quand la mode s’éprend des costumes d’époque

Entre le jeudi 18 et le dimanche 21 septembre, les défilés Harris Reed, Richard Quinn, Erdem et Simone Rocha dévoilaient une panoplie de corsets, paniers, crinolines et motifs bucoliques, dont l’esthétique désuète et glamour nous transporte vers les époques rococo et romantique.

  • Par Camille Bois-Martin.

  • Les 18e et 19e siècles, nouvelles obsessions de la mode ?

    À Londres, un vent surranné et romantique semble souffler sur la mode. Peut-être est-ce dû aux nombreux films et série d’époques produits sur le territoire britannique ces dernières années (Chroniques de Bridgerton, 2020-2025, Emma, 2020). Ou bien l’influence d’une nouvelle exposition inaugurée ce samedi au Victoria and Albert Museum sur le style de Marie-Antoinette. Dailleurs, on croisait de nombreuses photos de la reine française dans les backstages du défilé Erdem printemps-été 2026.

    Quoi qu’il en soit, la mode rococo et tous les attributs vestimentaires de l’époque romantique semblent avoir nourri l’imagination des créateurs et créatrices installés à Londres. Sur les podiums de la Fashion Week, on remarque en effet autant de crinolines que de motifs bucoliques, mais aussi des corsets et quelques paniers et rembourrages en tous genres. De Harris Reed à Simone Rocha en passant par Erdem et Richard Quinn, Numéro décortique les détails incontournables de cette tendance.

    Paniers et corsets envahissent les podiums

    Parmi les vêtements les plus emblématiques de l’époque moderne, les paniers et la crinoline définissent la forme des robes arborées à la cour entre le 16e et le milieu du 18e siècle. Restrictifs et contraignants, ces habits servaient à accentuer la taille en la marquant et la contrastant avec le volume de la jupe. Si, depuis, ces vêtements ont été réinventés au fil des siècles, ils semblent faire leur retour au sein des défilés de manières plus littérales.

    Au défilé Erdem, présenté ce dimanche 21 septembre, les paniers – ils élargissent les jupes sur les côtés et créent une forme aplatie – se croisent à de multiples reprises sur des robes précieuses aux délicats ornements en bijou. À ceci-près qu’ils sont portés sous des robes courtes : un parti-pris moderne, qui situe les silhouettes entre le 18e et 21e siècle.

    Autres détails repérés sous les colonnes du British Museum (où se tenait le show), des corsets, portés sur des chemises ou arborés avec leurs rubans flottant dans la vide. Mais aussi des hauts corsetés à col montant et orné de dentelles, nous rappelant presque les jabots.

    La crinoline modernisée

    Chez Simone Rocha, les paniers s’effacent au profit des crinolines. Moins contraignantes, elles apparaissent au 19e siècle et donnent aux jupes un volume en forme de dôme. Ainsi en observe-t-on de nombreuses silhouettes, dont les cerceaux restent apparents, à peine dissimulés sous un jupon transparent imprimé de motifs floraux.

    Romantiques, ces looks font également écho aux créations plus audacieuses dévoilées quelques jours plus tôt chez Harris Reed. Ici, la crinoline se porte nue, et se suffit à elle-même pour composer la silhouette. Le corset s’arbore également de la même manière ou en version satinée, orné de larges plumes sur les côtés de la poitrine. Chez Dilara Findikoglu, le corset se porte aussi très cintré, mais dans une version sulfureuse et très gothique, peut-être moins ancrée dans cette mode influencée par les costumes d’époque.

    Une tendance très british, qui semble ainsi nourrir les défilés présentés à Londres ces derniers jours. Et qui inspire même le créateur irlandais Jonathan Anderson, récemment nommé chez Dior. On se souvient en effet de ses premiers looks dévoilés à la Mostra de Venise début septembre, adoptant cette esthétique désuète qu’adorait déjà Christian Dior au milieu du 20e siècle.

    Les looks déshabillés chez Simone Rocha et Harris Reed

    Entre les murs du Victoria and Albert Museum de Londres est exposé un portrait de Marie-Antoinette. Signé Elisabeth Vigée Le Brun, le tableau (dit Marie-Antoinette en gaule) dévoile la reine de France en robe de mousseline blanche. Une tenue qui servait alors de déshabillé le matin au sortir du lit. Présentée au Salon de 1783, la toile fit scandale et on la remplaça par un portrait plus habillé.

    Pourtant, cette représentation marqua un précédent : progressivement, les femmes de la cour adoptèrent cette silhouette en mousseline bien plus agréable. A tel point qu’elle devient à la fin des années 1780, un incontournable de leur garde-robe, arboré avec un chapeau de paille.

    Emblématique de cette transition entre l’époque rococo (18e) et l’époque romantique (19e), ce vêtement déshabillé fait écho aux tendances des dernières saisons. De la slip dress aux tissus transparents en passant par le short-culotte, les sous-vêtements et l’esthétique déshabillée connaissent un grand succès.

    Sous-vêtements et transparence subtils

    Et celle-ci prend d’autant plus de cohérence lorsqu’elle s’intègre dans cette vogue des corsets, crinolines et paniers. À l’image du défilé Simone Rocha printemps-été 2026, dont les soutiens-gorge sont habilement laissés apparents grâce à un large décolleté. Ou encore dévoilés sous des robes blanches transparentes, qui ne sont ainsi pas sans rappeler les mousselines de Marie-Antoinette.

    Subtils, ces looks déshabillés se retrouvent également chez Harris Reed au gré d’un corset déconstruit, façonné seulement d’armatures. On croise aussi quelques occurrences chez Richard Queen, avec certaines robes transparentes au niveau du corset.

    Les motifs bucoliques, leitmotiv du défilé Erdem

    Au sein de cette mode désuète et romantique, le rococo reste également une grande influence. Incontournable dans les arts et dans le style du milieu du 18e siècle, il se traduit cette saison printemps-été 2026 au gré des motifs bucoliques (principalement floraux) qui inondent les défilés. Chez Simone Rocha, des bouquets sont notamment noués autour d’un haut. Côté accessoires, des fleurs se portent en collier et en bagues. Mais, surtout, celles-ci tapissent les jupes, robes et ensembles de la collection.

    Semblables à d’élégantes tapisseries, ces motifs floraux ne sont ainsi pas sans évoquer les habits arborés par la cour de France et d’Angleterre quelques siècles plus tôt… Idem chez Erdem, dont les fleurs semblent être le leitmotiv du défilé. Sur des robes à panier, des manteaux, des corsets, des jupes et shorts bouffants, marguerites et roses se déploient en imprimés; comme en relief. Sans oublier les camélias, lilas et pivoines. Ils tapissent les silhouettes du défilé Richard Quinn et leurs versions plus abstraites se retrouvent sur les créations d’Harris Reed.