Le défilé sanguin et charnel de Louis Gabriel Nouchi pour le printemps-été 2025
Présenté ce mercredi à la Monnaie de Paris, le défilé printemps-été 2025 de Louis Gabriel Nouchi dévoile une collection sanguine et charnelle, inspirée par l’univers sombre et morbide du roman Le Parfum.
Par Matthieu Jacquet.
Louis Gabriel Nouchi s’inspire du roman Le Parfum pour sa nouvelle collection
Charnel, viscéral, rugueux, sanguin… Voilà quelques mots qui peuvent venir à l’esprit devant le nouveau défilé Louis Gabriel Nouchi, présenté ce mercredi à l’occasion de la Fashion Week homme. Dans la cour intérieure de la Monnaie de Paris, le créateur parisien dévoilait alors un vestiaire bien plus sombre que ses habituelles collections estivales.
Pour le comprendre, il faut s’en remettre au point de départ de cette collection : le roman Le Parfum de Patrick Süskind (1985), histoire d’un meurtrier français de la fin du 18e siècle, obsédé par la volonté de créer la fragrance parfaite en assassinant des jeunes filles dont il cherchera a extraire l’essence.
Un défilé printemps-été 2025 sanguin et charnel, mettant l’accent sur la matière
Davantage que le récit lui-même, c’est principalement l’atmosphère du livre que le créateur a choisi de retranscrire, à travers notamment une palette chromatique réduite, allant du noir, pour évoquer les rues sombres de Paris, au blanc virginal, en passant par le rouge de l’hémoglobine. Trois couleurs que l’on retrouve au fil des cinquante ensembles habillant les mannequins du défilé, parmi lesquels on compte Bill Kaulitz, leader du groupe de rock allemand Tokio Hotel, le chanteur Moses Sumney ou encore Meadow Walker.
Selon Le Parfum, Jean-Baptiste Grenouille serait né sous un étal de poissons, aurait grandi chez un tanneur avant de créer son propre laboratoire sordide. Des environnements crus et odorants qui se traduisent, dans cette collection printemps-été 2025, par un accent sur la matière et la texture. Un jacquard noir dont le tissage ondulé évoque une longue chevelure noire, un denim surteint et enduit, un cuir trempé dans la cire au point de devenir rigide et cartonné…
Matériau phare de ce nouveau vestiaire, ce dernier est également découpé en lamelles verticales ensuite brodées sur du jersey. En résultent des débardeurs, robes et jupes étonnants, jouant avec les contrastes entre opacité et transparence, et entre rigidité et fluidité.
Les pièces signatures du label, déclinées au masculin et au féminin
Après avoir introduit ses premières silhouettes féminines la saison dernière, Louis Gabriel Nouchi continue d’étendre son vestiaire unisexe tout en déclinant les pièces signature de son label fondé en 2017. De plus en plus présent au fil des dernières collections, le tailoring s’impose comme l’un de ses points forts, notamment les vestes et manteaux aux épaules larges et marquées qui, à l’instar des nouveau matériaux épais et rigides travaillés cette saison, protègent le corps comme une carapace.
Mais le créateur français n’en néglige pas pour autant le volet plus sensuel, au cœur de son label : on le retrouve à travers des bodys, combishorts moulants et chemises fluides, tous transparents tels des secondes peaux, mais aussi plusieurs mini-shorts satinés, ou encore des pulls et tuniques en mailles légères qui révèlent la peau.
Si vers la fin du défilé, quelques tabliers évoquent plus littéralement l’univers morbide du roman, la collection se clôture avec des manteaux et costumes réalisées en collaboration avec la peintre française Sasha Ferré. Sur ces pièces uniques conçues comme des œuvres à part entière, l’artiste a laissé jaillir des éclats de blanc, de noir et de rouge – ensuite transposés en imprimés –, telle l’interprétation plastique de l’essence de cette nouvelle collection.