3 oct 2020

De l’ombre à la lumière avec la collection Yohji Yamamoto printemps-été 2021

Jouant sur les coupes et la structure, Yohji Yamamoto fait advenir dans ces pièces un certain chaos silencieux qui témoigne de son art de la déconstruction, du noir profond jusqu’au blanc éclatant.

 

Si Yohji Yamamoto affectionne autant le noir depuis des décennies, c’est sans doute pour sa capacité à exprimer le chaos. Dans le silence sépulcral qui caractérise ses défilés, le créateur japonais a à son tour fait naître, progressivement et délicatement, ce chaos par le travail habile de la coupe. Si les premières silhouettes d’un dénuement palpable se composent de fins tissus à peine cousus et maintenus par des nœuds, les vestes, pantalons, jupes et robes qui leur succèdent voient advenir peu à peu des volumes étonnants. Par l’intégration aux matières de structures rigides, les tissus semblent s’envoler au-dessus de l’épaule, des empiècements paraissent flotter au-dessus des bustes tandis que des fils de fer apparents semblables à des barbelés maintiennent des pans fluides de robes toujours plus amples et chargées. Le romantisme ténébreux de Yohji Yamamoto est bien présent, mais la figure sombre de la sorcière n’est pas loin non plus, incarnée par ces robes noires dont les découpes dessinent des lambeaux pointus. Pour clore le défilé toutefois, le créateur japonais fait émerger quatre silhouettes éthérées, toutes de blanc vêtus, quittant ce noir profond pour marcher vers la lumière de l’espérance.