De la Chine à l’Angleterre, Boramy Viguier parcourt le monde pour sa collection printemps-été 2022
Puisant dans son stock de matières inutilisées, Boramy Viguier propose cette saison un vestiaire plus coloré qu’à l’accoutumée faisant la part belle à l’hybridation, entre brocarts orientaux et tartans anglais. L’occasion pour le jeune créateur français de dévoiler sa ligne de pièces uniques, réalisées elles aussi suivant cette démarche d’upcycling.
Par Matthieu Jacquet.
Traditionnellement, les collections de mode sont présentées en marchant. Chez Boramy Viguier cette saison, les mannequins débarquent… en courant au ralenti. Un reflet du rythme effréné que semble reprendre la vie, après des mois d’engourdissement ? Ou simplement une manière de montrer les vêtements en mouvement ? Entre le jeu vidéo et le long-métrage d’action, le mini-film que dévoile le créateur français ce jeudi 24 juin est à l’image de son univers : hybride, convoquant aussi bien des références médiévales que post-internet, orientales qu’occidentales, pour en extraire sa propre esthétique. Imaginés comme des nomades en permanente exploration, les personnages de sa collection printemps-été 2022 portent sur eux ce grand syncrétisme : les brocarts colorés et dorés sur fond rouge ou bleu oriental de leurs chemises, shorts et manteaux les emmènent du côté de la Chine traditionnelle, tandis que les tartans et prince de Galles de leurs vestes de costume les installent du côté de l’Angleterre et les longues tuniques aux airs de djellabas semblent arriver d’Afrique du Nord. Faisant fi des codes formels, Boramy s’amuse en créant son propre mélange dont découle un vestiaire plus coloré qu’à l’habituelle.
Mais l’hybridation est encore plus concrète lorsque l’on s’attarde sur certaines coupes et matières. Piochant dans son propre deadstock, soit les chutes de tissus de précédentes collections inutilisées mais conservées, le créateur y déconstruit des cravates pour mieux les assembler dans des hauts longs et sans manches – l’une de ses coupes favorites, désormais emblématiques – voire en faire des ceintures de pantalons, ajoute quelques mèches de perruques synthétiques pour esquisser les contours de costumes fantastiques, réemploie des jacquards en patchworks ou encore récupère des maillots de bain au imprimés tropicaux flashy, qu’ils découpe et intègre à de sombres pantalons militaires ou cargo multi-poches. Cette démarche explicite d’upcycling est également l’occasion pour Boramy Viguier de lancer une ligne de pièces uniques : baptisée “1/1 One-of-a-kind”, celle-ci réunit des créations singulières qui n’ont aucun équivalent dans le réassort du label, elles aussi réalisées à partir de ses réserves textiles. On y retrouve par exemple des gilets mariant des motifs jacquard bariolés et des vestes rembourrées pour imiter des sacs bouées de sauvetage. Toutes sont estampillées d’une étiquette “1/1”, marque visible de ces créations exclusives qui apportent au label sa valeur d’exception.