Courrèges par Nicolas Di Felice : un premier essai réussi
Le créateur belge Nicolas Di Felice, ancien disciple de Nicolas Ghesquière, nommé en septembre 2020 directeur artistique de Courrèges propose une première collection qui fusionne à merveille héritage 60’s et esthétique contemporaine.
par Léa Zetlaoui.
1. Nicolas Di Felice, un créateur belge disciple de Nicolas Ghesquière
“Jamais deux sans trois” dit l’adage. Suite aux Coperni – duo formé par Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer – en 2015, puis la créatrice allemande Yolanda Zobel en 2018, la maison Courrèges nomme en septembre 2020 Nicolas Di Felice directeur artistique de ses collections de prêt-à-porter. Après ses études à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles, le Belge avait rejoint le studio de l’incontournable Nicolas Ghesquière chez Balenciaga avant de le suivre chez Louis Vuitton. Un parcours exemplaire qui annonce une personnalité non seulement taillée pour concevoir des collections cohérentes perpétuant l’héritage de la maison, mais aussi capable d’offrir une vision artistique en adéquation avec les attentes et enjeux de notre époque.
2. Le teasing Courrèges : amour, courage et influence
En témoignent les premières images et vidéos dévoilées sur Instagram en décembre 2020, Nicolas Di Felice annonce la réédition de pièces d’archives de la maison célèbre pour ses créations minimalistes, géométriques et futuristes. Des femmes et des femmes s’y enlacent ou s’embrassent, et surtout envoient des messages d’amour et de positivité en cette période de crise sanitaire difficile, manière d’associer l’utile à l’agréable via des images qui donnent le sourire et la promotion d’une mode intemporelle. Un peu plus tard en janvier 2021, Courrèges, qui fête cette année ses 60 ans, affichait sur deux murs du Marais et du Canal Saint-Martin le mot “courage”, écrit en grand dans la typographie culte de la maison parisienne. En parallèle, la série Netflix Le Jeu de la dame et ses looks 60’s, un attrait grandissant pour la mode vintage et les pièces d’archives ainsi que quelques discrets placements de pièces de la maison par des influenceurs sur Instagram suscitent l’excitation nécessaire au succès d’une première collection.
3. La première collection de Nicolas Di Felice : clubbing et minimalisme
Sans surprise, pour ce premier défilé forcément digital, Nicolas Di Felice puise dans l’héritage Courrèges. Ce qui est loin d’être une mauvaise chose. Alors que les boîtes de nuit furent les premières fermées à cause du Covid-19 et seront sûrement les dernières à rouvrir, le créateur belge – que l’on devine fêtard avec sa collection “I can feel your heartbeat” – célèbre la jeunesse, la fête et l’optimisme au sein de La Station – Gare des Mines à Aubervilliers, haut lieu de la nuit francilienne qui conférait ces dernières années à la capitale française ses lettres de noblesse en matière de clubbing et de contre-culture. Les 40 silhouettes qui ont défilé célèbrent l’héritage 60’s twistés de référence à la culture clubbing mais également à l’esthétique des 90’s. Après une première silhouette habillée d’un grand manteau qui reprend le motif à carreaux de 1963, robes et jupes trapèzes se portent avec des cuissardes, des bretelles spaghettis ou tops asymétriques côtoient des pantalons évasés, des tops, robes, pantalons et blousons sont ajourés de cercles comme en 1969. Les pièces sont minimalistes et affûtées. Si les couleurs sombres dominent, trois silhouettes rouges, deux beiges, deux blanches et une rose pâle apportent à l’ensemble vitalité et douceur. Le vestiaire est précis et contemporain, calibré pour se fondre dans notre époque. Reste à espérer que les prix pratiqués par la maison, jusqu’alors devenus particulièrement élevés, seront de nouveaux plus accessibles, pendant que la rencontre entre l’héritage de Courrèges et la nouvelle vision de Nicolas Di Felice réussiront à convaincre les habitués de la maison et à séduire une nouvelle clientèle.