20 juin 2023

Comment JW Anderson a transformé le mobilier design en vêtements à la Fashion Week de Milan

Climax de la Fashion Week de Milan, ce dimanche 18 juin 2023, le défilé JW Anderson homme printemps-été 2024 révèle une collection simple mais efficace. Ici les inspirations puisent dans les formes et les matières du mobilier design, réinventées par l’imagination foisonnante de Jonathan Anderson, fondateur du label.

Jonathan Anderson rend hommage à son père dans son défilé printemps-été 2024

 

Pour sa collection homme printemps-été 2024, Jonathan Anderson mise sur le tricot – une matière à priori bien éloignée de cette saison. Mais tout n’est qu’une question de perception, avec laquelle le créateur aime jouer au travers de ses matières et de ses coupes. Ainsi des pelotes de laine se retrouvent-elles cousues à un pull, sans même avoir été déroulées ; un tablier se fait lui robe, fendue jusqu’au creux de la cuisse ; le cuir usé d’un vieux fauteuil devient un trench ; la tête d’une serpillère se renouvelle en plusieurs hauts rose ou gris… Jonathan Anderson s’empare des matières qui meublent notre quotidien pour en faire le matériau principal de sa nouvelle collection, qui puise aussi dans son propre vécu. Fils de Willie Anderson, capitaine de l’équipe de rugby d’Irlande de 1984 à 1990, il réinterprète les fameux maillots de son père en polos oversized dont l’exagération de la largeur des épaules et du buste n’est pas sans rappeler la carrure des sportifs. 

 

Un défilé JW Anderson qui transforme le mobilier design en vêtements

 

Plus que des inspirations, ces matières représentent aussi pour le créateur un retour à la simplicité, au basique. “Peut-être qu’il faut arrêter de chercher le “blockbuster” de demain, peut- être qu’il faut réajuster ce que la mode veut dire pour nous.” confiait-il à Numéro en 2019. Et ce réajustement passe ici par un ancrage dans la tradition, utilisée comme “cadre pour résister au passage du temps”. Loin des tendances éphémères, la collection JW Anderson emploie des matières intemporelles   – du cuir, du tricot, du coton – dans des coupes actuelles qui réinterprètent notre perception de ces objets et de ces vêtements. Tels que nos incontournables sabots, rarement aperçus au sein de collections masculines, qui se voient ici réinterprétés version grosse plateforme et sans clou apparent, en cuir vernis ou daim terni. Comme cet accessoire, certaines traditions semblent aussi faites pour durer : en témoigne l’invitation (une théière) et le décor du défilé, qui reprennent les célèbres rayures bleues et blanches de la céramique britannique Cornishwhare. Ou encore l’émouvant salut final du créateur Jonathan Anderson, qui apparaît aux couleurs de l’Irlande, arborant le tout nouveau maillot vert de l’équipe nationale de rugby… le jour de la fête des pères.