Botter s’engage pour la préservation des océans dans sa collection automne-hiver 2021-2022
Inspirés par leur création d’une ferme de corail dans une île des Caraïbes, les créateurs Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh proposent cette saison pour leur label Botter des pièces ancrées dans l’univers marin et caractérisées par une fusion savante du tailoring masculin avec des détails fonctionnels et nombreuses audaces techniques.
Par Matthieu Jacquet.
Le contexte sanitaire et social de l’année 2020 aura eu le mérite de créer quelques vocations. Du jardinage au tricot en passant par le bénévolat, ces périodes d’isolement et de crise furent pour certains l’occasion d’explorer de nouvelles activités. Du côté de Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, ce fut l’aquaphilie. Ces derniers mois, les deux créateurs néerlandais derrière le duo Botter ont décidé d’investir à distance dans la création et l’entretien d’une ferme de coraux sur l’île de Curaçao, aux Caraïbes – un pas écologique vers la restauration d’un écosystème de plus en plus perturbé par la pollution et le réchauffement climatique. Parallèle à l’activité de leur label, ce nouveau projet a tant mobilisé le duo lauréat du Festival d’Hyères en 2018 qu’il est aussi devenu le point d’ancrage de sa nouvelle collection. Et si le décor insulaire, le vestiaire marin et la destruction des océans faisaient déjà parties de leurs thématiques phares, ce sont cette fois-ci des pécheurs caribéens que les deux créateurs ont principalement tiré l’inspiration de leurs silhouettes inédites.
Encerclé de drones volants dans une vaste pièce déserte, le premier mannequin incarne instantanément ces références : son haut bleu à col roulé est estampillé des mots “Romancing the coral reef”, le titre de la collection, tandis que sa veste de costume à carreaux étonne par l’absence de son col tailleur, dont les contours se dessinent le long des bords en symétrie. Les principes clés du nouveau vestiaire sont donnés, comme la transformation du tailoring classique qui s’observe sur bon nombre de silhouettes. Plusieurs blazers s’agrémentent en effet de détails judicieux, à l’instar des ouvertures entre le col et les emmanchures d’épaules et un bouton dans le dos qui permettent de sortir les bras en laissant tomber les manches, tandis que d’autres se composent de deux pans maintenus dans le dos par un fermoir tourniquet et qui dévoilent, lorsqu’on les ouvre, une capuche imperméable.
Car Botter aime jouer sur le mélange des genres. Ainsi, les détails fonctionnels et parfois casual se mêlent aux matières et aux coupes de très haute facture, comme les patrons de baskets à lacets intégrés en haut de polos. Mais les créateurs exploitent également des matières plus techniques, comme le polyester coloré d’anciens parapluies réassemblé avec des baleines pour composer trois pièces uniques, ou le tissu upcyclé imperméable bleu marine devenu un matériau permanent du label. Outre les pécheurs, les chasseuses de perles japonaises ont aussi inspiré le duo dans la réalisation d’un imprimé psychédélique très années 60 et leur collaboration avec un créateur de bijoux dont les colliers, broches et portes clés en bois et argent peintes à l’aérosol évoquent la faune sous-marine. Une manière poétique de rendre à la nature ce qu’elle nous a donné car, comme le rappelle le duo en introduction de sa vidéo, “sans nature, il n’y aurait pas d’arts. Sans la mer, il n’y aurait pas d’humains et nous ne serions pas là.”