Ann Demeulemeester : retour aux sources pour la saison automne-hiver 2021-2022

“New Beginnings”, publiait le label Ann Demeulemeester sur son compte il ya quelques mois. Début juillet 2020, après dix années dans l’équipe et sept à la direction créative de la marque durant lesquels il avait su perpétuer avec succès l’héritage de sa fondatrice éponyme, Sébastien Meunier quittait le navire. Depuis pourtant, le label n’a annoncé aucun successeur, signalant discrètement sa transition par une saison sans dévoiler de nouvelle collection – printemps-été 2021 —, sûrement nécessaire à une réorganisation de son équipe interne. En ce début 2021, Ann Demeulemeester semble désormais prêt à un nouveau départ, dévoilant, un an après la dernière saison de Sébastien Meunier, une première collection sans directeur artistique identifié pour la période la plus en phase avec son ADN : l’automne-hiver. Pour ce faire, il semblerait que le studio de création soit revenu aux origines du label fondé par la créatrice belge en 1987, et dont elle lâchait les rênes en 2013, en lui rendant un hommage vibrant.

Celui-ci se traduit d’abord par ses deux couleurs favorites : le noir et blanc, qu’appuient également les photographies de la collection ainsi qu’une vidéo réalisée par WIlly Vanderperre, mettant en scène la promenade bucolique et mélancolique des mannequins entre le grand jardin d’une villa et ses pièces dépouillées. À travers les 35 silhouettes qui composent ce vestiaire mixte, le label propose ici un retour clair au tailoring que la fondatrice appréciait tant. Vestes et pantalons de costumes amples, chemises blanches déstructurées par des plis et boutonnages asymétriques, débardeurs souples et gilets de costume ouvert redessinent l’élégance rock et indubitablement romantique que la jeune Belge avait amenée dès sa sortie de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers. Dans ces ensembles d’apparence simple, on retrouve de nombreuses marques d’élégance à l’instar des dos nus, des courtes manches détachées de leurs chemises ou leurs vestes et nouées autour des bras pour y créer des volumes, des robes fluides et longues dont toute l’allure réside dans le tombé des matériaux, mais également des manteaux noirs et touffus à poils. Sur la tête des mannequins, on constate le retour des chapeaux en feutre noir si souvent présentés – et arborés par Ann Demeulemeester –, complétant ces silhouettes androgynes et cet ensemble poétique qui n’est pas sans évoquer le style de l’une de ses grandes idoles : Patti Smith.