À quoi ressemble la femme vue par la jeune créatrice Bianca Saunders ?

Le défilé Bianca Saunders rend hommage à une célèbre sitcom jamaïcaine Oliver At Large

Un parfum de théâtre et une touche d’humour régnaient chez Bianca Saunders ce mercredi 18 février. Pour son défilé automne-hiver 2023-2024 de son label, la créatrice éponyme a puisé une fois de plus dans la culture jamaïcaine dont une partie de sa famille est originaire en s’inspirant de la légèreté et de l’humour décalé d’une sitcom très populaire dans le pays des Caraïbes, Oliver At Large, et son acteur principal Oliver Samuels considéré comme l’un des comédiens jamaïcains les plus talentueux de sa génération. De cette série diffusée dans les années 90, la créatrice reprend un décor de salon fragmenté tel qu’on le verrait dans un studio de tournage: espace de détente, d’échanges et de sociabilité, le lieu cosy aux murs bleu clair agrémenté de plantes invite les mannequins à s’attabler autour d’un bar pour se servir un verre de whisky, s’asseoir sur un fauteuil ou encore changer les disques joués par la platine vinyle. À l’aise et décontractés, les modèles s’alternent vêtus de pièces confortables d’une apparente sobriété. Mais à mieux regarder leurs chemises, blazers, pulls en maille ou encore pantalons, on remarque les subtilités dans les détails de la coupe : à la manière d’origamis, la créatrice propose à nouveau des pliages incongrus et asymétriques intégrés dans les cols, fait s’effilocher le denim bleu marine des pantalons, ou crée des volumes discrets et étonnants par le renflement et le froissement de la popeline ou du drap de laine.

Bianca Saunders dévoile ses premières pièces féminines dans sa collection automne-hiver 2023-2024

Résolument fluide et lumineuse, cette collection poursuit le travail sur la perception et le détail engagé par la jeune Londonienne, lauréate du Grand Prix de l’Andam en 2021, depuis la fondation de son label en 2018. À l’instar de ses précédentes collections, elle présente ici une série de nouveaux imprimés trompe-l’œil en all-over dont les rayures et taches colorées se mêlent dans un effet brumeux presque pictural, joueat sur les contrastes entre tonalités claires et sombres, vives et plus neutres – certains ont été réalisés d’après des captures floutées de scènes de la sitcom Oliver At Large. Mais l’un des faits les plus marquants de ce défilé restera sans doute la présentation par la créatrice de pièces féminines pour la première fois dans l’histoire son label, qui s’était jusqu’alors limité à une redéfinition des codes du vestiaire masculin. Une robe-trench, un pantalon ample et soyeux ou encore un haut à manches longues orange portant le col V décalé signature de la créatrice montrent combien celle-ci a su transposer son style, déjà très genderfluid, à d’autres types de corps. Preuve ultime de cette fusion naturelle, à la fin du défilé, un jeune homme et une jeune femme vêtus de chemises et pantalons à rayures complémentaires – du bleu au blanc pour elle, du jaune au violet pour lui – se livrent à une danse tendre sur un air jazzy qui évoquerait, telle une scène de film où de théâtre, le moment où un couple connaîtrait ses premiers émois amoureux.