5 juin 2020

Elon Musk’s astronauts dressed by Hollywood

Pour le premier lancement de sa fusée Falcon-9 en direction de la Station spatiale internationale, samedi 30 mai, Elon Musk, à travers sa société SpaceX, a équipé ses deux astronautes de combinaisons ultra modernes, ressemblant étrangement à l’attirail des super-héros Marvel.

© SpaceX

Depuis près de 10 ans, la NASA dépendait de la Russie et de ses résistantes capsules Soyouz pour envoyer ses astronautes en orbite, en raison d’un manque de moyen. C’est désormais de l’histoire ancienne grâce à une nouvelle start-up spécialisée dans l’aéronautique et fondée par Elon Musk. En 2002, le jeune Sud-Africain fait fortune en revendant les parts de l’entreprise qu’il avait créée en 1999 : Paypal. L’entrepreneur s’est depuis lancé dans une course effrénée pour la conquête spatiale, face à des mastodontes historiques tels que Boeing ou Lockheed Martin. En 2006, sa jeune entreprise, Space Exploration Technologies (SpaceX), décroche son premier contrat auprès de la NASA, pour l’approvisionnement de la Station spatiale internationale. Quatorze années plus tard, samedi 30 mai 2020, Elon Musk lancera sa première fusée Falcon-9 et deviendra ainsi le premier acteur privé de l’histoire spatiale à procéder à une mise en orbite.

 

Pour cette première grande sortie, SpaceX conçoit tout le matériel, des moteurs aux combinaisons, dévoilées mercredi 27 mai sur Twitter. D’un blanc futuriste, cette combinaison à liserés gris semble moins obéir à un souci pratique qu’à des considérations esthétiques, et brouille les frontières entre réalité et fiction. Car qui dit acteur privé, dit recherche de profits. C’est pourquoi les astronautes deviennent la vitrine de nouveaux produits désirables : fini les lourds scaphandres, les astronautes ressemblent désormais à des personnages de Star Wars, à mi-chemin entre les Daft Punk et les Stormtroopers.

Si ces combinaisons légères et immaculées nous semblent étrangement familières, ce n’est pas un hasard : derrière ces créations se cache le costumier hollywoodien José Fernandez, révélé pour son travail dans le film Batman vs Superman (2016) ou Les Quatre Fantastiques (2005). Quand hier encore, Hollywood s’inspirait des réelles combinaisons d’astronautes, cette vision des choses semble dépassée aux yeux du fondateur de Tesla — sans doute un brin mégalomane — qui souhaitait que la combinaison ressemble à un “smocking de l’espace”, selon le New York Times, auquel il aurait confié “tout le monde est plus beau dans un costume”.

 

Dans les faits, un voyage dans l’espace requiert deux types de combinaisons : une plus légère pour l’intérieur de la fusée, et une tenue “d’extérieur”, aussi nommée EVA (Extra-Vehicular Activity ou activité hors du véhicule). Si celle présentée par Elon Musk semble si légère, c’est qu’elle n’a pas vocation à sortir de la fusée. Au contraire, les films de science fiction ont associé dans l’imaginaire collectif, la combinaison spatiale à un lourd scaphandre, soit cette fameuse tenue EVA. 2001, L’odyssée de l’espace (1968), Ad Astra (2019), Seul sur Mars (2015) ou encore High Life (2018), proposent chacun leur version d’un équipement encombrant, d’ailleurs souvent orangé, tapis de centaines de boutons et autres gadgets. Avec ses épaules exagérées et ses carapaces articulées, l’uniforme SpaceX obéit ironiquement à tous les standards hollywoodiens de super-héros, et ressemble étrangement aux costumes du film Tron : Héritage (2010), auquel avait participé José Fernandez. Des combinaisons bien éloignées de la façon dont le cinéma américain se représentait la conquête spatiale.