Cristóbal Balenciaga : quand la peinture dialogue avec la mode
Son impact sur l’histoire de la mode a été (et demeure) considérable : le créateur Cristóbal Balenciaga, surnommé le “roi de la haute couture”, est célébré par une nouvelle exposition au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid. Son œuvre rencontre cette fois-ci plus de cinquante toiles ayant marqué l’histoire de la peinture espagnole, du XVIe au XXe siècle.
Par Matthieu Jacquet.
Maître incontestable de la coupe et de l’équilibre dans le vêtement, Cristóbal Balenciaga reste à ce jour l’un des couturiers les plus importants du XXe siècle. Pendant près de 60 ans, son talent et sa technique inimitables ont dominé la haute couture, allant même jusqu’à faire des émules auprès de Christian Dior et Coco Chanel, admirateurs assumés du créateur espagnol. Dès l’ouverture de sa propre maison en 1910, Balenciaga s’illustre très rapidement : sa rigueur technique et ses choix de matières audacieuses lui permettent de créer des volumes sculpturaux. Sans nul doute, il fut l’un des premiers “architectes du vêtement”. À Madrid, le musée d’art Thyssen-Bornemisza a souhaité relire son œuvre foisonnante à travers un prisme pertinent : sa relation avec l’histoire de la peinture espagnole.
Pour concevoir ce projet ambitieux, non moins de 90 pièces créées par le grand couturier ont été mises à la disposition du musée. Définissant plusieurs thématiques visuelles, historiques ou conceptuelles, le commissaire de l’exposition Eloy Martínez de la Pera a établi plusieurs liens entre les créations de Balenciaga et plus d’une cinquantaine de peintures. Parmi elles, on découvre des chefs-d’œuvre réalisés par des figures majeures de l’histoire de l’art espagnol telles que Francisco de Goya, El Greco ou Velázquez, trois peintres dont le couturier disait explicitement s’inspirer. D’autres rapprochements exploitent des critères plus formels, allant des choix de coupes à ceux des matériaux. En effet, pour imaginer ses volumes, Cristóbal Balenciaga ne cessait de puiser son inspiration dans l’histoire du vêtement espagnol, de la mode sombre du XVIe siècle aux costumes folkloriques régionaux. Les couleurs et ornementations sont également soulignées par ces associations : peinture et vêtement se font ainsi écho dans l’utilisation du noir, des fleurs ou des broderies.
Jusqu’au 22 septembre, l’exposition Balenciaga and Spanish painting est donc l’occasion d’une incursion dans l’ensemble de sa carrière du “roi de la haute couture”, tristement terminée en 1968 par la fermeture de sa maison à Paris. Un témoignage vibrant du dialogue fructueux entre l’art et la mode, prolongé sans relâche par les créateurs de notre époque.
L'exposition Balenciaga and Spanish painting est à voir jusqu'au 22 septembre au Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid.