21 mar 2016

Comment Virgil Abloh avec le label Off-White a-t-il redéfini les codes du streetwear?

DJ reconnu, diplômé d’architecture et directeur créatif de la superstar Kanye West, Virgil Abloh, propose, via son label Off-White, une vision nouvelle de la mode, qu’il métisse avec le streetwear.

Texte par Delphine Roche.

Réalisation par Camille-Joséphine Teisseire.

Pour piquer la curiosité de ceux qui ignorent l’existence de Virgil Abloh, il est d’usage d’ajouter, après avoir mentionné son statut de créateur de la marque Off-White et de DJ émérite, que le jeune homme (35 ans) est aussi directeur de création auprès de la mégastar Kanye West. Une précision plutôt inutile auprès des vingtenaires et des trentenaires, qui connaissent souvent Off-White et comprennent son langage de façon intuitive.

 

Fondée fin 2013, la marque Off-White a été retenue parmi les huit finalistes en lice pour le prix LVMH des jeunes créateurs en 2015. Elle contribue aujourd’hui à dessiner, au cœur de l’industrie de la mode, un nouvel horizon conceptuel et esthétique qui rapproche les catégories, jusqu’ici hermétiques, du streetwear et de la “high fashion”. Dans cette brèche ouverte, au même moment, par les labels Vetements, Hood By Air et Gosha Rubchinskiy, agissent des créateurs trentenaires décomplexés vis-à-vis de la mode et du luxe, dont ils renouvellent les codes en leur appliquant des procédés propres au streetwear : jeux avec les logos, détournements, et même citation directe d’autres marques (mettant ainsi fin aux éternelles querelles sur la copie).

 

Dans un même élan, ces créateurs replacent la mode au sein d’une culture propre à l’individu, des références auxquelles sa vie personnelle l’a exposé. Virgil Abloh explique : “Aujourd’hui arrive une nouvelle garde. Les kids qui ont grandi en Amérique regardent les marques de luxe différemment des générations précédentes. Informés, ils choisissent en connaissance de cause. En parallèle, le streetwear s’est développé, de façon autonome, en créant son propre langage. Louis Vuitton ou Hermès génèrent un culte et des fans qui adhèrent à leurs valeurs. De leur côté, les marques de streetwear font de même. Or, une partie de la génération montante a été nourrie et bercée par ces deux univers, le luxe et le streetwear, qui jusqu’ici restaient inconciliables. Mon but est de créer une marque qui articule les deux.

 

Avant de défiler en janvier avec sa collection masculine dans le calendrier parisien, Virgil Abloh présentait en octobre dernier, hors calendrier officiel, sa collection féminine printemps-été 2016 aux silhouettes pures et graphiques. Rattachées à un idéal d’élégance classique par leurs lignes longilignes, elles incorporaient des tee-shirts du mythique groupe de rock Grateful Dead. Plus loin, des ensembles frappés de carreaux, à plissés et drapés asymétriques. Ou encore des tee-shirts et des sweat-shirts cropped des années 90, alliés à des jeans Levi’s vintage retravaillés pour créer des pièces uniques et collector. Ce détournement de Levi’s comme les tee-shirts Grateful Dead sont typiques du streetwear qui attache une grande importance à l’authenticité des produits culturels : “Tout le monde peut faire des jeans, mais on ne peut pas faire des jeans aussi intéressants que la marque qui a inventé le jean, poursuit Virgil Abloh. L’attitude contemporaine, c’est d’aller chercher le produit authentique, au lieu d’en faire une copie. Il s’agit de lui donner une nouvelle vie en le plaçant dans un nouveau contexte. C’est ce que j’aime dans la mode : on n’est pas obligé de suivre les règles. On peut aussi les tordre.

 

Retrouvez l’interview de Virgil Abloh sur sa collection de mobilier.

Retrouvez les backstages du défilé Off/White automne-hiver 2016-2017.