Comment Versace a rendu hommage à Keith Flint, leader des Prodigy
Lors de la fashion week homme printemps-été 2019, Donatella Versace a discrètement rendu hommage au Britannique Keith Flint, pionnier du big beat et turbulent leader du groupe The Prodigy. Focus sur une star survoltée fauchée en plein vol.
Par Alexis Thibault.
Keith Flint restera à jamais un monstre de scène. Sorte de Joker dopé à la nitroglycérine capable de changer un bal musette en rave party enragée, le chanteur du groupe britannique The Prodigy a toujours balancé des compositions électro-punk dans la figure de ses fans avec entrain. Jamais rassasiés, ils en redemandent pendant plus de 20 ans et se gavent de sept albums parus entre 1992 (The Experience) et 2018 (No Tourists). Mais la superstar s’autodétruit. Sous son maquillage, l’ex-danseur demeure un simple type meurtris par la drogue et les excès en tout genre. En 2009, Keith Flint confesse ses penchants suicidaires dans les colonnes du Times : “Il faut des couilles pour se tuer, et j’étais trop lâche pour ça.” En mars dernier, il franchit la ligne et se pend à son domicile à quelques mois de sa cinquantième année…
Ce destin tragique inspire – paradoxalement – une fresque sombre puis soudainement multicolore à Donatella Versace : dans son récent défilé homme printemps-été 2020, les mannequins troquent leurs vestes de costumes oversize en cuir, cravates estampillées “Gianni Versace” et pantalons en soie noire pour des pièces post-punk, entre coiffures fluos extravagantes et références eighties. Un hommage subtil au chanteur britannique qui arborait un crête en forme de cornes virant au rose et tirait la langue à s’en décrocher la mâchoire sur chaque photographie. Un clin d’œil inattendu avec des pièces aussi clinquantes que les piercings qui perforaient le corps du natif de Londres.
Il a fallu hypnotiser Keith Flint pour canaliser son énergie infernale lorsqu’il était enfant. Mais spirales et pendules n’y feront rien. Le chanteur réconcilie rock, rave et techno à grand renfort de beats turbulents de gesticulations et de sauts dans la fosse. À l’instar des Chemical Brothers ou de Fatboy Slim, les membres de The Prodigy s’imposent comme les pionniers d’une dance – comprenons musique électronique au sens le plus large du terme – que la presse nommera “big beat” dans la foulée, savant mélange de techno, de rock, de hip-hop et d’acid house grand public. Si Keith Flint rencontre son future comparse Liam Howlett lors d’une rave à la fin des années 80, la formation The Prodigy explose véritablement dans les années 2000. Elle demeure l’une des plus grandes vendeuses de disques de l’histoire de la dance avec plus de 20 millions d’albums vendus.