Comment le prince Charles préserve-t-il l’artisanat anglais et italien ?
Ce jeudi 12 novembre, Yoox Net-a-Porter dévoile une collection capsule de vêtements durables et artisanaux pour hommes et femmes, créée en collaboration avec la fondation caritative du prince Charles et les étudiants du projet “The Modern Artisan”.
Par Séraphine Bittard.
Si le prince Charles est connu pour ses impeccables costumes à l’épreuve des âges, personne ne s’attendait pour autant à ce qu’il se lance un jour dans la mode. Pourtant ce 12 novembre, le groupe Yoox Net-a-Porter dévoile une collection capsule de vêtements pour hommes et femmes, en collaboration avec The Prince’s Foundation, l’organisme de bienfaisance du prince Charles. Tailleur gris à carreaux, chemisier en soie à col lavallière, pantalons à plis, manteaux camel à détails de smocks, cardigan couleur brique… Cette collection de 18 pièces qui a tout du chic sobre britannique est aussi durable, réalisée en économie circulaire et fruit d’un savoir-faire artisanal. Non par le prince Charles, mais par les élèves de son école de bienfaisance au sein de la Prince’s Foundation et des étudiants italiens de l’école Politecnico di Milano. Le tout, avec l’apport du groupe Yoox Net-a-Porter qui, en plus de distribuer cette collection inédite, participe à la mission pédagogique dont est investi le prince Charles depuis 1986.
Une école de bienfaisance au service du futur
Tout commence au cœur de la campagne écossaise dans le comté de Ayrshire, où trône fièrement Dumfries House, un magnifique et verdoyant domaine du XVIIIe siècle. Cette demeure exceptionnelle, ouverte à tous, fait partie de la Prince’s Foundation (anciennement The Prince’s Foundation for Building Community), un organisme de bienfaisance fondé par le prince Charles en 1986. Dans son enceinte, la Dumfries House offre une sélection unique de programmes d’apprentissage dans de nombreux domaines d’artisanat : peinture, architecture, dessin, textile… mais aussi l’horticulture, l’hôtellerie ou encore le bien-être et l’hospitalité – des valeurs qui au Royaume-Uni, semblent relever d’un savoir-faire national – avec un centre d’accueil proposant des thérapies gratuites. Tout cela, dans l’optique de promouvoir la tradition, préserver le savoir-faire en l’adaptant aux problématiques de l’environnement et de l’économie circulaire, avec une devise plus que limpide : “Respecting the past, building the future” (Respecter le passé, construire le futur).
À collection responsable, pédagogie durable
C’est donc au sein de la demeure Dumfries House, avec l’initiative Future Textiles lancée en 2015, que les étudiants du projet “The Modern Artisan”, co-créé avec Yoox Net-a-Porter, entreprennent de se former aux techniques de production en petite série nécessaires à l’accomplissement de la collection. Modélisme, couture industrielle, contrôle qualité… Ils y acquièrent également l’expertise de la laine et de la soie, essentielle pour maîtriser les finitions propres à ces deux types de textiles. Un ensemble de compétences pour lequel les étudiants se voient décerner le Modern Apprenticeship Award in Heritage Textiles (Prix d’apprentissage moderne dans le domaine des textiles du patrimoine), en partenariat avec le Glasgow Clyde College.
La conception, quant à elle, se déroule hors-les-murs : au laboratoire de recherche Fashion in Process (FiP) de la célèbre école de design Politecnico di Milano, six étudiants italiens dirigent la création des 18 pièces, grâce aux données fournies par Yoox Net-a-Porter concernant les préférences des 4,3 millions de clients du groupe. Ces données, auxquelles tous les participants auront accès en exclusivité pour une durée de 5 ans, permettent de faire des choix éclairés de couleurs, formes, détails, à l’aide d’une intelligence artificielle qui établit des comparaisons avec les best-sellers du groupe.
La célébration de l’art et de la science
Jambes larges, demi-longueurs, tailles cintrées, revers imposants… Tous ces détails, ainsi que les couleurs, sont en fait choisis grâce à des données informatiques – une pratique courante dans la “fast-fashion”, beaucoup moins dans le luxe, qui garantit en somme de ne pas se tromper et ainsi de réduire le nombre d’invendus, et donc, le gâchis. Les matières de la collection, quant à elles, sont naturelles et entièrement traçables : le cachemire et la laine proviennent de la filature écossaise Johnstons of Elgin, tandis que la soie écologique et biologique provient de l’entreprise italienne Centro Seta. De plus, chaque modèle de vêtement possède sa propre identité numérique qui fournit des informations sur son histoire, ses matières, les artisans qui l’ont conçu et fabriqué, ainsi que des conseils d’entretien et de réparation.
Cette convergence entre matière naturelles, techniques artisanales et progrès numérique fait écho à l’héritage qui inspire la collection : celui, entre science et art, de Léonard de Vinci, dont on célèbre cette année le 500e anniversaire de mort. Ainsi, les lignes formelles et constructions simples architecturales rencontrent les nœuds, cravates, plissés et smocks inspirés par les études de drapés du grand peintre. La collection s’inscrira également dans le souvenir d’un autre illustre artiste, Michel-Ange, puisqu’elle sera aussi présentée en 2021 à la Michelangelo Foundation (organisation internationale à but non lucratif qui célèbre l’artisanat), dans le cadre de l’exposition Homo Faber, qui réunira à Venise les créations d’artisans d’Europe et du Japon.
La collection “The Modern Artisan” Yoox Net-a-Porter for The Prince’s Foundation est disponible sur Net-a-Porter, Yoox, Mr Porter et The Outnet.