Comment la créatrice Vivienne Westwood est-elle devenue iconique ?
Reconnue comme l’une des instigatrices du mouvement punk, Vivienne Westwood a marqué le monde de la mode par ses créations audacieuses et son non-respect assumé des conventions établies. Aujourd’hui âgée de 80 ans, la créatrice est toujours sur le devant de la scène. En duo avec son mari, le créateur Andreas Kronthaler, ils réinventent l’héritage de la maison en lui insufflant un esprit plus contemporain. L’histoire de cette femme et de cette maison exceptionnelles, devenues cultes dans le monde entier, est aujourd’hui retracée dans un livre paru chez Thames & Hudson, regroupant toutes les collections de Vivienne Westwood depuis son premier défilé en 1981.
Par Anna Venet.
A l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, Vivienne Westwood publie un livre retrançant l’entièreté de ses collections depuis ses débuts en 1981. “Vivienne Westwood Défilés” est alors la première anthologie en cinquante ans de maison, regroupant 1 300 looks de plus de 70 défilés (ses collections en solo et ses collections créées avec son mari Andreas Kronthaler). L’ouvrage présente aussi des commentaires rédigés par le critique de mode, auteur et journaliste Alexander Fury, ainsi que des biographies écrites par le duo de créateurs. Avec une couverture revêtue du motif emblématique tartan Westwood MacAndreas — imaginé pour la première fois pour la collection automne-hiver 1993, “Anglomania” —, le livre retrace l’héritage de Vivienne Westwood, de sa toute première collection nommée “Pirates” en 1981 à ses plus récentes collections. Un héritage très riche pour cette créatrice, qui n’était absolument pas destinée à une telle carrière.
“La seule raison pour laquelle je suis dans la mode est pour détruire le mot ‘conformité’ ». C’est ce qu’a déclaré un jour la créatrice Vivienne Westwood, qui a passé sa vie à briser les diktats de la mode et à imposer sa propre vision, entre style punk, provocation, art, et histoire de son pays d’origine, l’Angleterre. Ses créations non conventionnelles et avant-gardistes l’ont très vite fait entrer dans l’histoire de la mode, ainsi que sa personnalité, forte et exubérante. Elle n’hésite jamais à s’engager pour des causes qui l’interpellent, des combats politiques à l’écologie. Aujourd’hui, la couturière fait toujours autorité dans son domaine, avec des collections plus pertinentes que jamais, qu’elle imagine avec son mari, Andreas Kronthaler, depuis leur rencontre en 1988. À l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, Vivienne Westwood publie un livre retraçant l’ensemble de ses collections depuis ses débuts en 1981. “Vivienne Westwood Défilés” est ainsi la première anthologie de cinquante ans de maison, regroupant 1 300 looks de plus de 70 défilés (ses collections en solo et ses collections créées avec Andreas Kronthaler). L’ouvrage présente aussi des commentaires rédigés par le critique de mode, auteur et journaliste Alexander Fury, ainsi que biographies des deux créateurs, rédigées par leurs soins. Avec une couverture revêtue de l’emblématique motif tartan Westwood MacAndreas — apparu pour la première fois dans la collection automne-hiver 1993, “Anglomania” —, le livre retrace l’héritage de Vivienne Westwood, de sa toute première collection nommée “Pirates” en 1981 à ses plus récentes collections. Un héritage impressionnant pour une créatrice qui n’était absolument pas destinée à une telle carrière.
Vivienne Westwood, de son vrai nom Vivienne Isabel Swire, naît le 8 avril 1941 dans un petit village du comté de Cheshire, en Angleterre. Fille d’un père cordonnier et d’une mère travaillant dans une usine de coton locale, elle grandit dans un milieu modeste mais rêve à un avenir bien différent : être au cœur de l’ébullition de la vie londonienne et travailler plutôt dans un domaine créatif. À dix-sept ans, elle part alors étudier la mode à la Harrow School Art de Londres. Cependant, le destin la conduit vers le métier d’enseignante, et un premier mari, Derek Westwood, qu’elle épouse en 1962, avant la naissance de leur enfant, la même année. Cette vie paisible de mère de famille sera bouleversée en 1965, lorsque la jeune femme de vingt-quatre ans rencontre Malcolm McLaren, étudiant en arts plastiques et futur leader du mythique groupe de musique punk des Sex Pistols. Une rencontre qui changera sa vie à jamais, puisqu’elle décide très vite de divorcer pour suivre ce jeune homme plein d’ambition dans ses projets créatifs. Le nouveau couple pose alors ses valises au 430 King’s Road à Londres, dans une boutique sombre qu’ils nomment “Let It Rock”, et dans laquelle ils vendent des accessoires et vêtements vintage des années 50. Vivienne Westwood y vend aussi ses premières créations, à l’instar de tee-shirts à message anti-système mais aussi des créations sexy d’inspiration fétichiste et sadomasochiste. Le style Vivienne Westwood est né, en même temps que le mouvement punk. Renommée “Sex” en 1974, la boutique connaît un grand succès. Vivienne Westwood commence à se forger une réputation, et habille même certains groupes de rock comme les New York Dolls et les Sex Pistols.
C’est au début des années 80, après sa séparation avec Malcolm McLaren et la fin de leur boutique que Vivienne Westwood se lancera véritablement comme créatrice de mode. En 1981, elle présente son tout premier défilé intitulé “Pirates”, où elle dévoile des boucaniers et matelots habillés de tenues unisexes. Pour le printemps-été 1982, sa collection “Savage” s’inspire des traditions amérindiennes et des chapeaux de la Légion étrangère. L’année suivante, elle s’inspire du film Blade Runner pour la collection “Punkature”. Puis, elle dédie entièrement sa collection automne-hiver 1984-1985 au réalisateur Clint Eastwood. Enfin, elle rend hommage au mouvement punk avec sa collection printemps-été 1985, nommée “Mini-Crini”, qui marquera les esprits avec sa crinoline en tweed. En 1988, la vie de Vivienne Westwood prend un nouveau tournant lorsqu’elle rencontre Andreas Kronthaler, un étudiant de 22 ans de l’École des arts appliqués de Vienne, avec qui elle se mariera en 1993. Très vite, le jeune homme commence à travailler à ses côtés, et le couple dévoile sa première collection commune pour la saison printemps-été 1991. Nommée “Cut and Slash”, cette ligne présente des robes d’inspiration Renaissance. Pendant cette même période, Vivienne Westwood continue de s’engager et de provoquer, comme lorsqu’elle pose en couverture du journal Tatler en 1989 en imitant Margaret Thatcher dans un tailleur à pois que la Première ministre de l’époque lui avait commandé mais n’avait pas encore réceptionné (commande qu’elle annulera finalement, après le camouflet que lui a infligé la créatrice en se moquant d’elle sur la une du Tatler)
Pendant les années 90, Vivienne Westwood laisse de côté son amour pour le punk et le fétichisme pour s’orienter vers l’une de ses autres passions : l’histoire. Pour ces collections, elle s’inspire alors des lignes strictes du tailoring arborées par les costumes anglais et français du XIXe siècle pour réaliser d’imposantes robes, alors que la tendance de l’époque était plutôt tournée vers le chic et le minimalisme. À l’occasion de sa collection automne-hiver 1990, elle fait une véritable déclaration d’amour au mouvement Rococo et à la peinture à l’huile du XVIIIe siècle, avec des des corsets imprimés d’une toile du peintre français François Boucher. Vivienne Westwood va une nouvelle fois s’inspirer de l’Angleterre avec sa collection automne-hiver 1993, nommée “Anglomania”, comprenant une multitude de robes en maille et de jupes à motif tartan, ce fameux motif qui deviendra emblématique de la maison. À la fin des années 90, Vivienne Westwood va encore une fois aller à contre-courant de son époque en s’intéressant aux matières naturelles et en bannissant la fourrure de ses collections. Enfin, tout au long des années 2000, la créatrice saura de nouveau se remettre en question, revenant à des pièces plus asexuées, avec des tailleurs, des tissus naturels et des jeux de floutage. En 2016, pour saluer la contribution de son mari et bras-droit Andreas Kronthaler aux créations de la maison, elle lui offre désormais la signature “Andreas Kronthaler for Vivienne Westwood”.
Depuis, le couple ne cesse de renouveler l’héritage de la marque, tout en lui insufflant un esprit plus contemporain avec de multiples expérimentations couture, à l’instar de pièces déstructurées, de silhouettes déconstruites et de motifs surréalistes. Il tend aussi vers une mode de plus en plus responsable et engagée, n’hésitant pas à cultiver son impertinence, avec une collection jouant le clin d’œil à la famille royale britannique, ou encore une collection de tee-shirts au slogan “I am not a terrorist”. Preuve que l’esprit Vivienne Westwood résiste à toutes les modes, inscrivant à jamais la créatrice dans la légende.
Le livre « Vivienne Westwood Défilés », aux Editions de la Martinière, est disponible sur viviennewestwood.com.